Côte d’Ivoire : pourtant Fabrice Sawegnon avait bien fait le Job

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Dame Djélika Diarra a été présentée jeudi par la Télévision nationale (RTI) comme première bénéficiaire des 25000FCFA. Soit le tiers du transfert monétaire promis par l’État ivoirien conformément à son appui aux familles vulnérables. Ce dans le cadre de la lutte contre le covid19. Objectif de communication : la transparence. Mais l’image diffusée par ce média public a bien d’autres effets connotatifs.

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Transparence à la fois pour démontrer que promesse est tenue et aussi par devoir de redevabilité envers les bailleurs. Ceux-là que l’État ivoirien ne cesse de solliciter. La vidéo a aussi pour but de montrer l’équilibre dans l’approche. Djélika Diarra résidant à « Yopougon de Gbagbo » et Amono Ahou qui elle vit à Abobo. Il ne manquait qu’une Tapé Georgette pour boucler la boucle. Quoique la campagne testimoniale initiée par les communicants de la République est parfaite.  On sent moins la fiction.

Nous sommes bien en Côte d’Ivoire. Après 10 ans de gouvernance du Dr. Alassane Ouattara. Qui 10 ans plutôt, précisément en novembre 2010, battait campagne avec pour promesse de « transformer la Côte d’Ivoire.» Pour atteindre cet objectif, ADO, candidat du RHDP, confie le volet communication entre autres à M. Fabrice Sawegnon.

Effectivement ce ‘’Manitou’’ de la Com sort une stratégie verbale à même d’exercer une influence subreptice sur le scrutin. Des slogans de campagne persuasifs. Le candidat Ouattara et son staff font dans l’interpellatif «  Ne donne pas ta voix au chômage ! » « Ne donne pas ta voix à la corruption ! » ; mais aussi « Ne donne pas ta voix à la pauvreté ». Il y a matière à décrypter les deux premiers messages après que beaucoup ait coulé sous le 3è pont. Mais pour l’heure intéressons-nous au 3è slogan.

«Ne donne pas ta voix à la pauvreté ! »Nos experts en communication politique enseignent que le slogan politique a d’abord pour fonction de suggérer des questions par le biais de réponses. En construisant ce message, il parait évident que l’adversaire Laurent Gbagbo et sa gouvernance incarneraient la pauvreté. Par conséquent ceux qui oseront voter Laurent Gbagbo deviendront ou demeureront pauvres. Regardez bien le visuel, le mot pauvreté est écrit en bleu, la dame sur l’image également en tenue bleue. Le bleu du Fpi, le bleu de La Majorité Présidentielle (Lmp). Message superbement marqueté ; la touche Fabrice Sawegnon.

Covid19, pauvreté Ado, campagne 2010
La Pauvreté en Côte d’Ivoire 10 ans après

Les écoles de communication nous apprennent aussi qu’un slogan doit renvoyer à de grands stéréotypes ou à des idéaux auxquels les électeurs peuvent s’identifier. Qui en Côte d’Ivoire ne voudra pas s’identifier à la prospérité ; antonyme de « Pauvreté » ?  Encore qu’on vend aux populations un programme qui en « 5 ans seulement » devrait transformer leur pays en un petit paradis.

Cette excellente campagne électorale menée par Alassane Ouattara en 2010 avait pour mots-thèmes ‘’Prospérité’’, ‘’Stabilité’’, ‘’Bonne gouvernance’, Paix. Le tout emballé dans une belle signature vocale : « Faites-moi confiance ! ». Message autocentré sur sa personne. Présenté alors par ses partisans comme celui qui pouvait sauver  la Côte d’Ivoire. Une Côte d’Ivoire que lui et ses collègues « politiciens » ont contribué à rendre malade ; fort curieusement.

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C’est donc en toute confiance qu’une partie des électeurs s’est ruée dans les urnes pour donner leurs voix. Non pas à la ‘’pauvreté’’ mais plutôt à la prospérité comme promis. Le slogan politique ayant valeur d’engagement en effet. Alors qu’en est-il de l’engagement pris par celui qui a redressé économiquement plusieurs pays depuis ses bureaux du Fonds Monétaire International (Fmi) ? Qui tout naturellement détient des recettes politiques et économiques univoques pour son pays ?

La 1er réponse « inattaquable » -pour paraphraser le Président Ouattara lui-même-se retrouve dans les propos de Dame Djélika Diarra : « Je dis merci à l’État de Côte d’Ivoire, j’ai pu avoir mes 25 000 FCFA, je suis très contente…On va bien manger ce soir enfin. » Autrement dit, la pauvre Djélika ne mange pas bien. Du fait de la crise sanitaire ? Difficile d’y répondre.  La seule certitude est que Djélika tout comme Amono, font partie des 177 198 ménages sélectionnés par le gouvernement. Partant du critère de vulnérabilité défini globalement par la pauvreté. Des pauvres, il n’en a donc encore en grand nombre dans cette Côte d’Ivoire, en somme.

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La 2ème réponse vient de la Banque Mondiale. Qui le 25 novembre 2019 publiait sur son site Internet une note de synthèse. De laquelle nous avons tiré cet extrait : « Après avoir fortement augmenté de 10 à 51 % de la population entre 1985 et 2011, le taux de pauvreté aurait reculé à 46,3 %, selon la dernière enquête sur les niveaux de vie réalisée par l’administration ivoirienne. La Côte d’Ivoire gagnerait à redistribuer davantage les fruits de sa bonne performance économique aux populations les plus vulnérables, à intégrer davantage les femmes dans l’économie et à développer son capital humain afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail. En effet, la création de produits et services modernes requière des compétences qui manquent encore à la main-d’œuvre locale.»

Là encore l’organisme de Breton Wood est dans le prudentiel (…Selon la dernière enquête…réalisée par l’administration ivoirienne). En d’autres termes la Banque Mondiale refuse de cautionner les chiffres communiqués ; diplomatie oblige.  Pis : «  le pays se trouvait au 170e rang sur 189 pays dans le rapport 2018 du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) sur l’indice de développement humain et possède un faible indice de capital humain (0,35) » Ajoute l’Institution.

Selon le même Pnud, le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire était passé de 38,4% en 2002 à 48,9% en 2008. En fait l’Historien-adversaire(Gbagbo), ‘’l’incarnation de la pauvreté’’, dirigeait un pays dont l’outil de production ne tournait pas à plein régime. Malgré tout son régime, soumis au service de la dette, affaibli par une rébellion, fut classé bon élève du mécanisme Ppte. Ce qui a d’ailleurs pleinement bénéficié à ceux qui ont pris les rênes du pouvoir après le 11 avril 2011, bref.

La 3ème réponse n’est pas exprimée ou du moins s’exprime moins jusqu’ici. il s’agit de la majorité silencieuse, quasiment Monsieur tout de le monde en Côte d’Ivoire.

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On nous répondra tout de suite que les pauvres existent partout au monde. Les plus zélés gloseront que même aux USA, il y a aussi des pauvres. Quoique Donald Trump malgré la puissance de son économie  n’a jamais promis la richesse à tous les citoyens américains. Evitons parfois d’institutionnaliser le mensonge. Même en campagne électorale. Emmanuel Macron a cassé tous les codes politiques en France parce que les Français avaient constaté qu’il proposait des projets réalistes et réalisables.

Marius Aka Fils

 

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