Côte d’Ivoire : Comme son oncle FHB, Banny part en laissant un précieux héritage à la Côte d’Ivoire
L’ex-Premier Ministre Charles Konan Banny est décédé ce vendredi 10 septembre à Paris du Covid. Homme de recours et surtout des missions difficiles, l’ancien gouverneur n’aura pas vécu inutile. Bien au contraire à l’instar de Félix Houphouët-Boigny dont il est de la lignée, Banny a légué sans doute le plus bel héritage à son pays. Comme par prémonition, excédé par le bigotisme manifeste de ses mandants, l’ex-président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr) a dû divulguer sa panacée. Visant à soigner sa Côte d’Ivoire malade depuis des décennies.
Banny part en laissant un précieux testament à la postérité, à ses contemporains en premiers. Quelques 2 mois avant sa mort, l’ancien gouverneur de la Bceao a rendu public le rapport de la Cdvr qu’il a eu à présider entre 2011 et 2014. Ayant constaté que ses ‘’médicaments’’ prescrits à l’exécutif ivoirien, après trois ans d’examens des maux dont souffre son pays, ont été purement et simplement rangés au placard.
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D’ailleurs les mots pour dénoncer ce double-jeu n’ont pas manqué à l’occasion : « Depuis l’acquittement, puis la libération de l’ancien président Laurent Gbagbo et de certains autres détenus de la crise post-électorale, les Ivoiriens redécouvrent l’urgente nécessité de la réconciliation nationale. Devant ce regain d’intérêt pour la question, il importe que les principales conclusions et recommandations du rapport de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr) soient largement diffusées et mises à la disposition des citoyennes et des citoyens de la Côte d’Ivoire. Chacun pourra ainsi s’appuyer sur ce socle concret pour mener ses propres réflexions. Nous mettrons donc en ligne, outre le premier volume du rapport contenant les principales conclusions et recommandations, les différentes déclarations de la Cdvr lors des principales étapes de ses travaux, à savoir l’installation de la Commission, la cérémonie de deuil et de purification afin de traduire l’inculturation du modèle ivoirien, le lancement des audiences publiques et enfin la déclaration de la Commission lors de la remise du rapport final au président de la République », a laissé entendre l’ancien Premier Ministre ivoirien le 22 juillet dernier.
Charles Konan Banny n’a pas rien fait. Si malgré ces retrouvailles- ponctuées de blagues et de rire aux éclats-entre Ouattara et Gbagbo le 27 juillet dernier, n’ont rien donné, ce n’est nullement faute de compétence du conciliateur désigné.
En réalité le mal ivoirien est bien plus profond. En effet, en Côte d’Ivoire, de jour tous se réclament chantres du dialogue, adeptes de la vérité et partisans de réconciliation. Mais dès que s’éclipse le soleil, les mêmes développent paradoxalement une subite allergie au triptyque Dialogue-Vérité- Réconciliation.
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Le missionnaire Konan Banny a rempli sa mission. Le 21 novembre 2013 il a remis les premières conclusions de ses travaux (Cdvr) à Alassane Ouattara, l’ordonnateur. Celui-là même qui a juré de redonner le goût du vivre ensemble aux Ivoiriens. Hélas, sous nos tropiques, à l’instar du Covid, la valeur de la parole d’État connait des variantes évolutives.
Parce qu’au chapitre « Recherche de la vérité », la Cdvr a fait noter que les ressorts profonds des crises ivoiriennes se nomment « Nationalité, foncier, justice à double vitesse, pauvreté ». Des termes qui au mieux fâchent ; au pire font crépiter Kalachnikovs et mitraillettes.
Effectivement la Côte d’Ivoire risque de ne pas guérir de sitôt parce que jusqu’ici les Ivoiriens ignorent les vrais instigateurs et auteurs du coup d’État de 1999, celui de 2002 du charnier de Yopougon, du génocide Wê, de la mort de Camara H, Boga Doudou, Balla Keita , Robert Guei, N’Guessan Toussaint…Les bourreaux de ces milliers de victimes anonymes ayant été arrachés à l’affection de leurs proches.
Les populations ont le cœur déchiré de savoir que des criminels de tous bords sont célébrés, des médiocres sont gratifiés, des voleurs de la République et dealers de renom sont applaudis. En Côte d’Ivoire dire qu’un individu n’est pas Ivoirien est devenu un crime. Dénoncer la confiscation de ses terres par un non-national, provoque tout de suite des conflits communautaires.
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Sous sa casquette de Premier Ministre, Charles Konan Banny a passé avec brio l’épreuve des flammes de la rébellion militaro-civile et celle les lances amenées par l’aile dure du régime Fpi. Le Nanafouê a aussi réussi l’exercice de la Cdvr persécutée par des initiateurs à la fois juges et parties. Banny est mort certes mais le testament qu’il laisse aux Ivoiriens est pourvoyeur d’oxygène indispensable à une cette Côte d’Ivoire-là. Au peuple à ses dirigeants de la ressortir des armoires glacées pour en faire bon usage !
Marius Aka Fils