Branding Laurent Gbagbo en agglomération : le message derrière ces affiches publicitaires ! 

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Après la presse et les nouveaux médias, l’affichage urbain se mêle à l’annonce du retour de Laurent Gbagbo. Esquisse d’analyse sémiologique du branding du ‘’Woody’’ en Abidjan.

Les communicants de l’ex-Président tiennent le bon bout du jeu de la subtilité. A la place de la ‘’Rose’’ symbole des partis FPI et ESD c’est plutôt la carte de la Côte d’Ivoire qui apparait. Logique. Le Gbagbo présenté ici n’est pas le président ‘’contesté’’ du FPI ; encore moins  le mentor de sa ‘’déclinaison forcée’’ dénommé EDS.

Ces Spins doctors ont trouvé la formule. A savoir présenter leur leader sous le label Côte d’Ivoire. Les tons ‘’Rassemblement, cohésion sociale, unité nationale’’ ayant orienté la copy strategy. L’image est alors détourée par la carte de la Côte d’Ivoire.

En plus, le personnage est placé au centre de ladite carte. Autrement dit l’ancien prisonnier est le centre de la réconciliation des Ivoiriens. Pour une paix véritable retrouvée, d’où le détour en blanc (symbolique de paix).  Rappelons c’était l’un des arguments majeurs de la défense pendant son procès à la Haye.

Le Bleu, code couleur du Gbagbo Spirit, a été sacrifié sur l’autel de la réconciliation, du Melting. Ces affiches que vous voyez décrivent mieux le contexte. Laurent Gbagbo, ses proches,  bref, les Ivoiriens reviennent de loin. Ces populations à l’instar du personnage sur le visuel,  sortent  progressivement des ténèbres de l’an 2011. De l’ombre à lumière, de la prison à la liberté,  on peut justement s’offrir le luxe d’un sourire ; d’où l’expression du visage.

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Cependant, il y un petit hic à ce niveau. Certes Laurent Gbagbo a remporté ce procès pour lequel certains l’avaient condamné d’avance. Victoire qu’il célèbre légitimement sur l’image. Cependant, le contexte (morts de la crise post-électorale 2011)  l’ayant précédé commande normalement le triomphe modeste.  Les concepteurs du visuel  auraient pu trouver une des photos pour  illustrer cet angle plus approprié.

Là où ces vigies marquent encore le point, c’est au niveau du message. Il est concis, précis et surtout pertinent.  Avec des hashtags // S’assoir et discuter, Gbagbo pour la Réconciliation etc.  Les stratèges de ce côté-là ont du mérite.  D’une part ils rassurent ceux qui auraient la phobie de Gbagbo ; de l’autre accroitre la vélocité du processus de réconciliation engagé depuis le début du 3ème mandat d’Alassane Ouattara. « S’assoir et discuter » supposant qu’il y a problème, il faut bien songer à les résoudre et lui (Gbagbo) en est pleinement disposé visiblement.

Le message au verso du Personal Branding

Pour le commun des mortels, on affiche ce qui est bon. On affiche son produit pour mieux vendre, pour renforcer le capital crédit de celui-ci. Cette campagne (re)vend du Gbagbo aux Ivoiriens. Parmi ceux qui voient ces visuels dans les rues se trouvent des adolescents. Ceux-ci découvrent un leader, un mal aimé qui a triomphé de la Françafrique.

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Les plus âgés sont certainement convaincus du fait que tout ce que se racontait sur sa personne n’était que contre-vérité. Comme quoi  ‘’ S’il est si mauvais pourquoi accepteraient-on de le brander dans tout Abidjan’’ d’autant que nous ne sommes pas en campagne électorale ? Voici l’idée que se fait cette partie de l’opinion.

Encore que son procès a eu pour conséquence de polir son image déjà à l’international. Laurent Gbagbo présenté comme le criminel, « l’Hitler des lagunes » par ses détracteurs à la charnière 2011-2012, a été blanchi par la CPI. Sans avoir eu recours à des témoins à décharge.

L’affichage  urbain est soumis à une démarche administrative. Après avoir conçu votre visuel dans votre ordinateur, vous devez le soumettre à validation au Conseil Supérieur de la Publicité (CSP). Cet organe sous tutelle du Ministère de la Communication dit si oui ou non vous avez le droit d’afficher.

Si Laurent Gbagbo inonde Abidjan en ce moment, c’est bien parce que le CSP, le Ministre de la Communication, le Premier Ministre et le Président de la République, l’ont permit. En d’autres termes, ils ont accepté que leur adversaire fasse sa publicité. Signe que le processus de réconciliation est véritablement sur les rails. Bonne nouvelle donc !

Marius Aka Fils

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