Municipales 2023 en Côte d’Ivoire : pourquoi les Ivoiriens doivent croiser les doigts pour Yopougon
Le 03 septembre 2023 verra l’organisation en Côte d’Ivoire des régionales et des municipales. L’enjeu est de taille. D’abord parce qu’il s’agit des rares consultations locales de l’histoire de la Côte d’Ivoire embarquant toutes les forces politiques.
Ensuite ces joutes serviront de tests grandeur nature à la nouvelle configuration de l’échiquier politique. Le Rhdp nouvelle formule (avec l’arrivée du Fpi et la énième entrée de l’Udpci) devra défier la probable coalition Ppaci & Pdci-Rda.
Enfin, à cet exercice sont aussi vivement attendus par les populations, ces élus qui avaient séduit le peuple grâce à leur statut de non alignés mais qui ont finalement fait volte-face.
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A Yopougon, les « vrais propriétaires » ont ravi des sièges au parti au pouvoir à la faveur des dernières législatives. Une offensive du duo Pdci-Rda et Eds d’alors qui a fait sauter pas moins de six boulons chez les « indéboulonnables ». Un évènement qui n’est pas pour plaire au camp Ouattara. D’autant que cette circonscription est administrée par le stratège-politique en chef du Rhdp à savoir le ministre Gilbert Kafana.
Ces deux produits qui ont fait recette
Aux populations de la plus spacieuse des communes d’Abidjan, le bloc challenger a ‘’vendu’’ particulièrement deux (2) symboles forts. Une stratégie marketing adossée à des produits politiques visiblement encore ‘’ prisés’’ de ce côté-là.
D’une part Michel Gbagbo ; le fils de l’homme. Celui-là même à qui l’on attribue la ‘’propriété’’ de ladite commune. Comme quoi le « Yopougon de Gbagbo » a toujours droit de cité. De l’autre, Dia Houphouët Augustin ; petit-fils du 1er Président ivoirien. Autrement dit, si tel est que l’Houphouetisme fait recette, les électeurs devraient choisir alors entre l’original (le descendant, candidat du parti de l’illustre ascendant) ; de la copie (famille politique se réclamant de la philosophie dudit ascendant).
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L’heure du match retour
Le gong de la revanche a sonné. Le Rhdp n’entend pas se voir infliger une gifle supplémentaire. La fin justifiant les moyens en politique, un transfuge d’Agboville (76 Km d’Abidjan) est appelé en renfort.
Non des moindres puisque ce sauveur n’est autre que l’actuel Président de l’Assemblée nationale (Pan) de Côte d’Ivoire. La fonction d’Adama Bictogo pèsera de tout son poids dans la balance en effet. Alassane Ouattara joue gros mais apparemment le projet en vaut la chandelle.
Il faut dire que dans cette bataille à distance, Laurent Gbagbo a ouvert les hostilités en se rendant à Yopougon le 1er avril dernier. L’ex-Chef de l’Etat y était à la faveur de la fête de la renaissance organisée par son appareil politique.
Évidemment Alassane Ouattara répliquera. Certainement dans un contexte bien plus empaqueté telle que l’inauguration annoncée en grande pompe du 5ème pont. Infrastructure qui reliera justement la commune de Yopougon à celle du Plateau. Puis sans doute, pour ‘’effacer’’ les traces de ce dernier, il n’est pas à exclure de voir l’autre top leader, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo sur un même podium à Yop la joie.
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Une équation à deux inconnus
Les élections à venir s’annoncent déterminantes pour 2025. En tirant les faits positifs de la mandature Kafana, le super-candidat Bictogo pourrait avoir du chemin à se frayer en direction du siège du conseil municipal.
Mieux, il y a fort à parier que la liste qu’il conduira comporte de grosses surprises. D’ailleurs, serait-ce envisageable qu’Adama Bictogo, Pan et surtout 3ème personnalité du régime Ouattara, tombe ? Encore que la tradition en Côte d’Ivoire enseigne qu’un Pan a toujours conservé son ‘’tabouret’ ?
Difficile d’y répondre quand on sait que le concerné traîne un contentieux. Du moins selon une opinion qui soutient mordicus, jusqu’à présent, en pays Abbey, que le « diamant noir » avait été défait par Fleur Aké M’Bo en mars 2021.
A tort ou à raison, la victoire du patron du Groupe Snedai est maculée de soupçons de fraude. Et la fraude, c’est l’inconnue que redoutent les observateurs dans ces consultations notamment à Yopougon, pour l’enjeu qu’elles représentent.
L’autre inconnue concerne Charles Blé Goudé (CBG). Celui qui a promis de jamais combattre son « père Laurent Gbagbo » va-t-il larguer un candidat Cojep dans cette circonscription hautement stratégique ? A défaut, « Gbapê » va-t-il se faire faiseur de roi en soutenant l’un ou l’autre camp ?
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Quelles conséquences pourraient avoir un post du genre « C’est X ou Y qui a remporté les élections à Yopougon » ? L’exemple de la fronde contre les maisons de téléphonie est évocateur. Il a fallu 5 petits mots (CBG) : « (…) On veut voir clair dedans !!! » pour que tout se cristallise.
Si le candidat Pdci-Ppaci arrivait à perdre, l’argument suffirait au Rhdp pour dire « Comme vous le voyez, Bédié-Gbagbo ne font plus le poids. » A l’inverse, ces deux leaders auront matière à peaufiner leur stratégie commune pour 2025. Que Yopougon ne réveille pas les vieux démons !
Marius Aka Fils