Interview / Benjamin Téhé (Lider) : « Laisser Gbagbo et B. Goudé rentrer et laisser Soro en cavale, une grave erreur » !

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Inprouvafrica : Nous assistons à la libération de certains prisonniers et au retour d’exilés du FPI du Ghana. Que vous inspire cette situation ?

Benjamin TEHE : Dans la forme nous-nous réjouissons de cette situation.  Cependant le problème de fond demeure. Pour nous la Côte d’Ivoire est malade de sa justice. Le droit des Ivoiriens est bafoué par Ouattara et ses disciples à travers une parodie de justice.  On devrait plutôt en pleurer. Lutter contre un troisième mandat illégal et anticonstitutionnel est-il criminel ? Défendre la légalité constitutionnelle est-il un crime ? Dire à un président qu’on ne doit pas gouverner avec son clan est-il contraire.  A Lider nous avons une autre approche. L’injustice ne doit pas être érigée en règle tandis que la justice est bannie de la société. Qu’en est-il de ceux qui ont perdu la vie dans ces prisons où lors des manifestations organisées par l’opposition ? Ce régime dictatorial ne mérite pas un seul instant des remerciements  de la part des Ivoiriens.

Inprouvafrica : Il y a tout de même des faits notables…

BT : Je pense que c’est plutôt eux qui devraient exprimer leur reconnaissance à ce peuple qui refuse de s’opposer avec violence et animosité face à toutes ces souffrances. Jusqu’à quand allons-nous accepter cela ? Vous comprenez  aisément l’échec de l’émergence tant prôné ! Le plus cocasse dans cette rubrique du retour du ministre Koné KATINAN et du camarde  Damana A. Pickass c’est d’entendre le tristement célèbre procureur dire qu’ils auraient bénéficié d’une amnistie. Qu’en est-il des militaires Vagba Faussignaux, Dogbo Blé, Abéhi, Séka Séka ? La réconciliation ne doit pas être un slogan. Il faut sincèrement libérer tous les militaires de la crise postélectorale. J’ai cru entendre qu’ils étaient en prison pour des crimes odieux. Le génocide Wê et les tueries des gendarmes au Nord, la rébellion etc.  Dans quelle catégorie devrons-nous les classer ?  Le pays est assez divisé, il faut éviter le pourrissement et la pléthore de conseillers de Ouattara devrait lui donner une chance de sortie honorable en exploitant le seul levier qui lui reste à savoir la réconciliation. Il ne faut surtout pas commettre  l’erreur de voir rentrer le président Gbagbo, le ministre Blé Goudé et laisser l’ex PAN en cavale. On aurait raté à mon humble avis une occasion de travailler sur la stabilité politique de notre pays.  Si Ouattara a été capable de vouloir payer les frais de déplacement de son adversaire politique, nous croyons que le cas Soro Guillaume devrait être sérieusement analysé pour ne pas rater le virage de la réconciliation.

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Inprouvafrica : Parlons du retour du président Laurent Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé

B T : Le Président GBAGBO et le ministre CBG ne reviennent pas d’un voyage touristique. Ils reviennent d’une guerre au sortir de laquelle l’ennemi a été battu sur tous les plans. C’est dire qu’ils en portent des séquelles physiques, psychologiques, politiques et morales. Le combat n’était pas uniquement pour le FPI encore moins leur famille biologique. Il convient donc d’y accorder un intérêt soit en participant activement ou passivement.  Les membres de  leurs différentes familles politiques sont à pied d’œuvre pour les accueillir mais il n’en demeure pas moins qu’en tant qu’opposition, les choses soient en train de se mettre en place pour témoigner de l’amour et de la compassion envers eux. Pour avoir fait de la prison sous ce régime, je peux vous assurer qu’un jour de détention est déjà trop pour affecter votre moral et votre santé . Nous  croyons également que la machine organisationnelle est déjà en place, il serait donc nécessaire d’attendre leur retour pour dire akwaba,  Assê et Ayoka. N’eut été la situation sanitaire mondiale, nous présumons qu’ils auraient au moins fait un meeting pour remercier les Ivoiriens de la diaspora.

Inprouvafrica : Un mot sur la crise énergétique que connait le pays depuis quelques semaines ?

BT : surement que la Suisse connaît la même situation de  délestage comme la Côte d’Ivoire (rire !). Sous d’autres cieux, tout le gouvernement aurait démissionné. Les parlementaires se seraient saisis du dossier.  Malheureusement  nous assistons à un jeu de ping-pong entre le distributeur et l’Etat pendant les populations et les entreprises souffrent. Le Rdr Rhdp est une véritable escroquerie politique, morale et économique. L’émergence a fait place à la grande désillusion.

Inprouvafrica : Vous proposez quoi concrètement ?

BT : A Lider nous proposons d’ouvrir le secteur de l’énergie électrique à la concurrence. Comment expliquez-vous que nous ayons le soleil 362/ 365 et qu’aucune unité d’énergie solaire ne soit vraiment opérationnelle dans le pays ? Rester dans l’obscurité en Côte d’Ivoire alors que la France est éclairée sans interruption par des centrales dont les matières d’alimentation viennent de notre sous-région, c’est révoltant.  Nous avons les compétences politiques pour mettre fin à cet esclavage des temps moderne que nous impose la France à travers ces entreprises mafieuses tels Bouygues et Bolloré.

Inprouvafrica : Le gouvernement vient de signer une charte d’éthique, un  commentaire ?

BT : Quelle serait votre réaction si en lieu et place d’un chirurgien l’on commette un boucher  pour vous opérer? Au-delà de l’étonnement, vous serez animé de peur. C’est ce à quoi nous assistons avec ce vuvuzela présidentiel. Comment des gens qui pour la plupart ont fait 10 ans et plus en tant que ministres, sans aucun bilan, vous osez parler de charte ? Où avez-vous vu une mafia organiser une cérémonie de bonne gouvernance ? Cette charte n’est qu’une comédie de trop pour ce régime illégal et violeur de constitution.

Inprouvafrica : Votre mot de la fin 

BT : Nous avons une pensée pour le peuple frère Tchadien victime d’un autre coup d’État orchestré par la France.  C’est vraiment triste et regrettable ce qui s’y déroule. C’est à croire que toutes les ex-colonies françaises ont un dénominateur commun ; l’instabilité politique. C’est vraiment triste que l’ordre constitutionnel et la démocratie soient pour les pays africains francophone piétiner et bafouer. Gardons la foi, la victoire est pour très bientôt.

Réalisée par C.T

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