Décès de Sansan Kouao au Ghana : les confidences d’un proche, l’homme était vraiment singulier !

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Pourtant Laurent Gbagbo lui faisait cette promesse il y a peu : « Sansan, rentre chez toi à Niable, j’arrive bientôt ! » Et l’exilé du Ghana voisin de rétorquer à son ami-Président ceci : « Je ne rentrerai pas sans toi, on rentrera ensemble ! ». Hélas, comme Moise, Sansan Kouao Edouard, « SKE » pour les intimes, ne verra pas la terre promise. Tandis que justement le retour en Côte d’Ivoire de son compagnon de lutte se précise ; le contexte sociopolitique ivoirien le hâtant. Le « vieux Sansan » est décédé hier mercredi au pays de Kwame Nkrumah.

Permettez-nous l’image. Le fait que le plus célèbre des producteurs agricoles ivoiriens n’ait plus la possibilité d’assister au « retour triomphal » de Gbagbo est plus douloureux que sa mort elle-même. Cette double sinon multiple douleur transparaissait dans la voix de M. Boa Kouassi. Cousin du défunt-planteur qui a accepté malgré tout de nous parler de « l’homme sans protocole »; ce matin.

L’affliction est à son comble quand on s’appelle Sansan Kouao. Et qu’on soit obligé d’assister à distance à l’inhumation de deux (2) de ses filles. Et qu’on quitte la terre des Hommes dans ces conditions (exil) et surtout lorsqu’on a la marque de « fidèle en amitié ». Que malheureusement par la sélection naturelle, un tel drame vienne enterrer à jamais cette loyauté reconnue.

Pour sûr, des larmes serpenteront les joues de l’époux de Simone Gbagbo. Car la connexion Sansan-Gbagbo n’a jamais fait défaut malgré la distance ; mentionne le cousin informateur. Sauf qu’une fétide maladie vient de changer le cours d’une histoire qui pourtant s’écrivait en caractères d’imprimerie.

Hélas ! « Sansan » est mort. L’altruisme et la magnanimité aussi : « Récemment en nous recevant au Ghana, c’est lui-même qui avait fait la cuisine… Une fois à table il a servi ma maman (tante à Sansan Kouao)…Et ce n’est pas nouveau.» Confia notre interlocuteur. Nombreux sont ces orphelins biologiques qu’il laisse. Ils se comptent aussi par centaines ‘’ces exilés-orphelins’’ qui perdent ainsi un soutien, un père, un bienfaiteur.

Le lauréat de la Coupe Nationale du Progrès ( 1974) avait tout eu de son vivant : la prospérité, la reconnaissance nationale voire mondiale de son mérite, le père et grand-père épanoui. Meilleur entrepreneur agricole ivoirien sinon sous régional ; pionnier de l’innovation cacao-culturale (très structuré tant au niveau de la production que de toute la chaine de traitement de ses fèves). Notamment son espace dédié au séchage bâti selon les standards. Point focal de la filière Café-Cacao dans sa zone, la qualité remarquable de ses productions alimentait aussi la fabrication du label ‘’Le chocolat du planteur’’ etc. En un mot, le monde vient de perdre un référent Afrique du binôme Café-Cacao.

Félix Houphouet Boigny admirait le travailleur infatigable Sansan Kouao

Les lauriers certes. Mais « C’est quelqu’un qui avait le sens de l’autonomie » fait noter M. Boa. Avant d’ajouter qu’un autre Sansan Kouao commençait à germer en terre ghanéenne. Car le vieux a refait sa vie. A commencer par des réalisations immobilières, mais aussi et surtout, le naturel revenant au galop, par le travail de la terre. En clair, le plus célèbre des braves paysans ivoiriens possède des plantations dignes de son rang au pays de ses ancêtres. Impossible n’était pas « SKE » en effet. Car à Niablé comme à Wiawso (Petite ville ; capitale du District de Sefwi-Wiawso, région nord-ouest du Ghana), en période de sécheresse, il embarquait des barriques dans son « Kia » et allait puiser de l’eau pour arroser ses plants.

L’économie de la Côte d’Ivoire repose sur l’Agriculture, principalement le Cacao dont le pays est leader mondial en termes de production. Positionnement entretenu depuis 60 ans par des artisans comme Sansan Kouao Edouard. Cet homme dont le nom rime avec Cacao est tombé au champ d’honneur. Sansan Kouao part quelques heures avant l’ouverture de la campagne café-cacao 2020. Juste un symbole qui devrait inciter les autorités ivoiriennes à rendre un hommage national à cette autre icône éburnéenne.

A Dieu valeureux artisan des performances économiques ivoiriennes, A Dieu digne fils de mère Africa, A Dieu le vieux !

Marius Aka Fils

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