Côte d’Ivoire/Signature d’Accord FPI-PDCI : les possibles implications d’une collaboration
Le FPI de Gbagbo et le PDCI de Bédié ont paraphé ce jeudi, un document de collaboration les liant ; portant sur un « projet de réconciliation des Ivoiriens pour une paix durable ». Cette cérémonie qui intervient dans une ambiance ‘’masquée’’, est pleine de sens .Manifestement, les lignes vont bouger à forte vélocité. A moins que les signes ne soient trompeurs.
« Projet de réconciliation des Ivoiriens pour une paix durable.» Les 2 partis leaders de l’opposition ivoirienne surfent en effet sur le vœu le plus cher des Ivoiriens. D’ailleurs en réalité, ceux mêmes qui vocifèrent à longueur de journée dans les médias, ont peur de revivre 2011. Et sans une réconciliation véritable en Côte d’Ivoire, rien ne dit que plus grave ne se produira pas.
« Réconciliation » à commencer par soi-même. Laurent Gbagbo dont Konan Bédié disait qu’il est bien là où il est (Cpi), a reçu son aîné le 29 juillet 2019 à Bruxelles. Brisant ainsi la glace rigidifiée par des déclarations telles que « C’est un Coup d’État salutaire » [Laurent Gbagbo en 1999, suite au Coup d’État ayant renversé Bédié].
Et le fait que cette rencontre se déroule au siège du PDCI-RDA est aussi chargé de symboles. D’une part, le respect du droit d’aînesse. Car et Bédié et son parti, ont vu le jour avant respectivement Gbagbo et le FPI. Toute réconciliation durable repose sur des valeurs en effet. D’autre part, c’est la démonstration que l’hôte du jour a fait tabula rasa du passé. Ce siège ayant servi de ‘’base politique’’ aux attaques du régime frontiste dans un passé récent. A contrario, la délégation d’Assoa Adou aurait choisi un cadre neutre pour la tenue de cette cérémonie.
« Réconciliation » c’est aussi la denrée manquante à la Famille FPI. En apposant leurs signatures, Bédié et Gbagbo décident de faire ménage commun. Autrement dit, le premier cité va s’impliquer dans les tractations en cours en ce moment au FPI. Afin qu’Assoa Adou, Affi N’Guessan, Gbagbo époux et épouse et pourquoi pas, le Pr. Mamadou Koulibaly de Lider, parlent d’une même voix ,désormais. Auquel cas, la cérémonie de ce jour n’aurait pas de sens.
Mieux , le PDCI, « parti de Dialogue » va certainement vouloir faire respecter son rang. Le relèvement de ce défi se soldera par le retour d’enfants prodiges. Entre autres le Vice-président Daniel Kablan Duncan. Qui semble s’être enfermé dans une bulle privée d’oxygène.
Marcel Amon Tanoh par exemple attend certainement de voir la mouture du contrat avant de signer son comeback à la Maison Verte. Lui dont la côte a pris de l’ascension entre temps. Dans les pas de ceux-ci pourraient se loger ceux de biens d’autre cadres de la plus vielle formation politique ivoirienne. Ces Pdcéistes qui hâtent en tout silence, le 1er chant du coq pour quitter la case RHDP.
En choisissant pour mots-thèmes la réconciliation et la paix durable, dans ce « Nouveau Contrat Social », le Sphinx de Daoukro et le Woody de Mama entendent par ce fait, rassurer les populations et le reste de la classe politique. Autrement dit, la porte est ouverte à tous. Sans exclusion. C’est dire que quelles que soient ses ‘’gaffes’’ tout personne désireuse d’intégrer cette famille, sera la bienvenue.
Cet appel du pied s’adresse en fait à tous les frustrés et déçus de l’administration Ouattara. Et la stratégie peut s’avérer payante pour les échéances électorales à venir. En ligne de mire : la théorie du deux (2) [(PDCI+FPI) + CDRP+ EDS] contre Un (1) (RHDP). Qui ne veut pas jouer dans une équipe qui a plus de chances de gagner ?
Le cas Soro ???
Selon les deux signataires, la méthode de réconciliation qu’ils proposent est de type participatif et inclusif. Précisément soulignent-ils, « elle permettra de pardonner dans la vérité et la justice ; d’éliminer les séquelles des crises successives ; de trouver des solutions originales aux problèmes qui sont à la base des crises ; de construire ensemble une « UNE NOUVELLE COTE D’IVOIRE » sur la base de principes, règles et valeurs partagés avec tous les Ivoiriens et tous les étrangers résidant en Côte d’Ivoire. »
Ces 6 bouts de phrase nous replongent dans la politique à l’état pur. En réalité, dans les salles feutrées, Guillaume Soro, Bédié et Gbagbo peuvent se faire des accolades sans problème. Mais pas sur le terrain électoral, du moins pour l’instant.
Au mentor des Refondateurs par exemple, il n’est pas exclu que des partisans lui demandent des comptes. Du genre « Tous ces morts ont servi à quoi finalement ? » Surtout que d’avril 2011 à ce jour, certains croupissent encore en prison, d’autres en exile. Sans compter ceux-là rendus vulnérables par la Rébellion de Soro et surtout la crise postélectorale. Quoique le mot-thème demeure retentissant : Réconciliation. Tout est encore possible pour tout dire. Mais « dans la vérité et la justice ». Wait end see.
Marius Aka Fils