Côte d’Ivoire : Blondy, Tiken, Drogba, Asalfo…c’est le moment de parler sinon taisez-vous à jamais !

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Il serait peu honnête de dire que le gouvernement ivoirien ne fait rien du tout pour la paix, la stabilité et la réconciliation en Côte d’Ivoire. En revanche, force est de reconnaitre que le pare-feu aménagé par le régime Ouattara a de fortes chances de céder au passage de la locomotive électorale à venir.

Tout comme en 99 et en 2010

Comme Henri Konan Bédié en 98-99, Laurent Gbagbo en 2010, Alassane Ouattara clame à qui veut l’entendre qu’ « il n’y aura rien » en 2020. La voix plus percutante que le croisement retentissant des cymbales d’alarme provenant de toutes parts. Ouattara et son Premier Ministre (probablement candidat du Rhdp) sont en autant convaincus. A preuve ils n’ont pas jugé nécessaire d’autoriser la marche priante sollicitée récemment par le clergé catholique ivoirien.

« Il n’y aura rien …pourtant tout le monde a peur…surtout en se remémorant un passé récent  »

En 99, plusieurs cadres du Rdr avaient été forcés d’élire domicile dans des prisons. Le concept d’Ivoirité, sortis de son contexte pour des besoins de marketing politique, déchirait progressivement le tissu social. Pendant ce temps, des bruits de botte se faisaient entendre du côté des casernes militaires. Des observateurs avaient conseillé moins d’intransigeance à HKB. Chose qui ne fut pas le cas. Malheureusement les éternels  déstabilisateurs n’en demandaient pas mieux. Et le 24 décembre, la Côte d’Ivoire connaissait  son premier Coup d’Etat.

En 2010, Laurent Gbagbo savait mieux que tout autre Ivoirien que le désarmement des ‘’ex-rebelles’’ n’était pas effectif. Le président d’alors était également conscient que l’occupation du Nord Ivoirien par les Hommes de Guillaume Soro équivalait à 8 années de diabolisation en permanence de son régime. Et que du coup, tous les partisans Lmp ne seraient pas les bienvenus dans ces zones. Gbagbo devait s’imaginer qu’il était hasardeux d’aller aux élections dans ces conditions. Là aussi des personnes lui ont suggéré sans succès  d’exiger que les conditions soient réunies pour des élections démocratiques. Mais malgré tout, les Ivoiriens y ont été conviés et la suite est connue.

Schéma similaire 21 ans plus tard. Ouattara a enfermé des dizaines de leaders politiques de l’opposition. En plus de militaires et des membres de la société civile. Depuis 2011 pour certains, tout récemment pour d’autres. Notamment des pro-Soro. Tout comme en 99 et en 2010, l’armée ivoirienne est fortement divisée. Au Nord Pro- Soro et Pro Ado attendent la moindre occasion pour se « mesurer».  Les pugilats enregistrés récemment au Salon de l’Agriculture de Paris n’est « qu’échauffement » comme le préviennent  les acteurs eux-mêmes.

Quasiment toutes les régions ont connu leur part de conflits communautaires. Et ces étincelles flottent toujours dans l’air. Également au niveau des armées, en plus de la suspicion généralisée, il y a ce dangereux dossier pendant des 8400. Ceux-là qui dit-on on aurait promis beaucoup de choses sans les actes ne suivent réellement le discours. Des victimes de la crise postélectorale sont restées sans assistance. Tandis qu’une partie bénéficie d’une attention particulière de la part de l’Etat. La Justice nationale et la CPI ont choisi de ne juger qu’un camp. Retournant le couteau dans les plaies encore béante d’une partie des populations. Des milliers d’Ivoiriens ont préféré rester en exil, les expériences de certains de leurs compatriotes aidant.

Par ailleurs on s’apprête à modifier la constitution. Tandis que le concepteur-promoteur en chef de ce texte fondamental, le Chef d’Etat Ivoirien, soutenait  seulement le 07 janvier devant le Corps diplomatique : «  Notre pays s’est doté d’une Constitution porteuse de valeurs démocratiques… »

A coup sûr, ces retouchent frapperont certains candidats. On parlera encore d’exclusion. Un peu comme en 2000. Le processus de délivrance des Cartes Nationales d’ Identité demeure stagnant. Là aussi rien n’est clair. Certains parlent même de fraudes organisées. Les discussions autour de la CEI ont été interrompues par la seule  volonté du gouvernement et ses partis politiques satellites. Tandis que tous étaient unanimes sur le fait que sans consensus véritable sur la question, l’on risquerait de retomber dans les travers.

Blondy, Tiken, Asalfo, Drogba…c’est le moment de faire parler votre influence

La Société civile interpelle. Le Groupe de Plaidoyer et d’Actions pour une Transparence Électorale (GPATE), par exemple, ne cesse d’attirer l’attention des gouvernants chaque que le navire Ivoire aborde un virage de sa marche. L’Opposition critique et propose. Chacun essaie de jouer le rôle qui est le sien. Quoique le défi d’une paix durable en Côte d’Ivoire reste entier. Même si l’Assemblée Nationale et le Senat servent souvent de passoire.

Heureusement, la Côte d’Ivoire est aussi le pays de Didier Drogba, Alpha Blondy, Tiken Jah, Asalfo…ces personnalités dont la voix porte. Les influenceurs c’est bien eux. Quand ces 2 stars du Reggae sont subitement restées muettes ces dernières années. Nous sommes persuadés que s’ils ne se limitent pas à des concerts, au business.  Et qu’ils décident de s’impliquer réellement dans la prévention de crise, les Ivoiriens y arriveront. Si nos stars décident d’accentuer le plaidoyer, tous ces dossiers cités plus haut connaitront des dénouements heureux. Leurs interventions pourront aider le peuple de Côte d’Ivoire. Nous pensons qu’il urge de le faire d’ailleurs. Le faire maintenant serait mieux que prendre le micro pour chanter ou formuler des motions de soutien à un peuple décimé par des crises à répétition.

Marius Aka Fils  

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