Côte d’Ivoire : Tiken Jah va bientôt ‘’mousser’’ encore, son ‘’café-cacao’’ en route !

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Il fut un temps où  des mélomanes ivoiriens osaient attribuer la couronne de la musique Reggae à Tiken Jah. Parce que tout de même Doumbia Moussa Fakoly faisait fort en 1997 et surtout en 98. L’année de l’envol. D’adoption de l’artiste par l’univers médiatique français. Insidieusement, « le challenger d’Alpha Blondy », ‘’l’engagé’’ ; est quasiment aphone depuis 2011. Sauf que visiblement le lauréat de ‘’Victoire de la musique’’ (2003) pourra retrouver ‘’son inspiration’’ très bientôt.

2016-2018 « Mangécratie’’, ‘’Délivrance’’, ‘’Plus jamais ça’’, ‘’Le Descendant’’ ». Ces titres hyper piquants rencontrent un succès fou. Nous sommes en Côte d’Ivoire. Sous le règne du dauphin constitutionnel SEM. Henri Konan Bédié. Où le concept d’Ivoirité, la version éburnéenne de l’ «American First » du pays de l’Oncle Sam, constituait la serve nourricière principale du débat politique.  « Le Descendant » en appui au Front Républicain d’Alassane Ouattara et de Laurent Gbagbo. Autrement dit soutenir le discours de l’opposition qui disait à qui voulait l’entendre qu’Ado n’est pas Voltaïque mais plutôt Ivoirien, donc Présidentiable.

Le 24 décembre 99, Bédié est renversé par des « jeunes gens » menés par Robert Guei. Tiken est même encensé par une délégation d’hommes en treillis venus à son domicile : «  J’ai cru qu’ils venaient m’arrêter. J’étais prêt à sauter par la fenêtre, mais ils m’ont dit : Ne t’inquiète pas, on est venu pour te remercier. C’est grâce à vous, les chanteurs, qu’on a réussi. » [Extrait d’interview accordée à l’Express.fr et publiée le 22 juin 2000].

Mais le Général venu « mettre de l’ordre dans le navire Ivoire » change d’agenda et se laisse séduire par les délices du pouvoir d’État. En prélude aux élections, l’homme fort de Kabakouma initie un referendum que les Ivoiriens surnommeront ‘’le procès du ET et du OU’’. En gros le projet était d’avoir l’avis des populations quant au profil des candidats à la présidentielle : Peut être candidat celui qui est de père et/ou de mère Ivoirien ?   Il n’en fallait pas plus pour que le descendant des Fakoly retourne en studio pour donner un ‘’magistral’’ « Cours d’Histoire » à la junte militaire dirigeant le pays d’Houphouët-Boigny.

« Papa Roméo » perd les élections face à Laurent Gbagbo en octobre 2000. Non sans heurtes. Pour ‘’raccompagner’’ le perdant, le patron des Djelys (Orchestre) sort « Le balayeur balayé ».  Reposant sur un texte très corsé : « Il est arrivé comme héro. Il est parti comme un voleur ».

Laurent Gbagbo. Un nom qui va acérer l’endurance de celui qui a décroché en 2016 le Prix du ‘’Meilleur album Reggae africain’’. Sorties médiatiques fracassantes, discographie dirigée sinon taillée sur mesure. « Coup de gueule.» Entre autres le titre « Quitte le pouvoir ! » sur lequel il rappelle au Président Gbagbo qu’il l’avait prévenu qu’ « il a été mal élu ». Déjà en 2002 à travers son keepsake « Françafrique » consacré par son 1er Disque d’Or.

Le disciple de Bob Marley à la voix roque averti en affirmant que le Chef d’État ivoirien pourrait avoir des ennuis. Et Tiken ne semblait pas parler dans le vide. Puisque « le mal élu » est confronté à un coup d’État en septembre 2002 qui se mua en rébellion armée. Aussi son 7ème album sort le 04 octobre 2004 et bizarrement le régime Gbagbo est quasiment à genoux entre le 31 octobre et le 09 novembre 2004. Les troupes françaises en Côte d’Ivoire assiègent les alentours de la résidence présidentielle, prennent position à l’Hôtel Ivoire, ouvrent le feu et tuent à volonté des manifestants aux mains nues. Simple coïncidence, nous en sommes convaincus !

Toutefois, le reggaeman ‘’traquera’’ les Refondateurs jusqu’à leur dernier ‘’retranchement’’. Au plus fort de la crise post-électorale, lorsque Laurent Gbagbo et sa maisonnée avaient trouvé refuge dans le bunker face aux  bombardements  des hélicoptères français, Tiken Jah Fakoly a été de ceux qui invitaient ce dernier à « céder le pouvoir au gagnant des élections. »

Puis silence radio

1996 « Mangécratie » ; 99 «  Cours d’histoire » ; 2000 «  Le Caméléon », 2002 « Françafrique » ; 2004 « Coup de Gueule » ; 2007 « L’Africain » ; 2008 « Live à Paris » ; 2010 « Africain Revolution ».  Soit 8 opus de grande facture (Une moyenne de 9 titre chacun) tirés du génie créatif du chanteur. Vous remarquerez que l’inspiration était telle qu’entre 99 et 2004 c’est-à-dire en 5 ans, le triple Disque d’Or a claqué 4 gros enregistrements.  Il s’agit ici d’album de plus de 8 titres et non de single. Il fallait le faire.

Paradoxalement  après 2010  « le grand Tiken » est entré en labo et n’en est ressorti qu’en 2014 avec « Dernier Appel ». Un an après « Racine » puis notre éveilleur des consciences’’ a démissionné pour ne réapparaitre que cette année 2019 avec «  Le monde est chaud ». L’homme a orienté le combat désormais vers l’Ecologie.  Noble certes. Mais l’Afrique et la Côte d’Ivoire en particulier auraient aimé qui leur apporte le soutien musical qu’on lui connait.

Tiken Jah Fakoly fait  peu penser à Yodé et Siro, Espoir 2000, Les Garagistes, Soum Bill ainsi qu’à Serges Kassy. Ces artistes chanteurs  qu’on ne retrouve plus depuis que les ères Houphouët, Bédié et Gbagbo sont passées. Serge Kassy par exemple cristallisait les attentes dans la période (2000-2010). A sa décharge on dirait qu’il s’était engagé aux côté de Charles Blé Goudé dans la galaxie patriotique. La crise aidant. Quant à  Yodé et Siro,  après avoir titillé les Refondateurs, n’auraient pas dû ranger le micro depuis lors. Soit le régime Ouattara n’inspire pas. Soit tout est rose depuis que les « indéboulonnables » ont fixé leurs boulons au Palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. C’est le moins que l’on puisse dire. Quoique ‘’la bonne nouvelle’’ est que Bédié et Gbagbo mijotent la mise en place d’une plateforme. Surement, Tiken Jah aussi s’apprête pour le labo.

 

Marius Aka Fils

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