Côte d’Ivoire : Regard sur une élection présidentielle au nom de la terre, du fric et du sang versé  

0

Sans doute la fameuse communauté internationale attend l’un des [chaos/K.O]. Soit le « Un coup Ko » annoncé par Alassane Ouattara, du reste seul candidat réel sur le terrain. Pour ensuite pondre des communiqués élusifs puis au final s’accommoder ; les intérêts économiques aidant. Soit la situation de chaos pour intervenir comme à l’accoutumée, en médecin après la mort. Pour l’heure, depuis le 15 octobre dernier est ouverte en Côte d’Ivoire, une campagne électorale accrochée aux chars de combat et vibrant au rythme des coups de fusils et de machette.

Un scrutin au nom de la terre…

Alassane Ouattara est parvenu dans l’arène politique ivoirienne en surfant sur la fibre ethnico-religieuse : « Ils ne veulent pas que je sois candidat parce que je suis nordiste et musulman. » Avait-il lancé au plus fort de ses ennuis liés à sa nationalité jugée alors douteuse. L’actuel président savait que ce créneau lui attirerait la sympathie du septentrion ivoirien. Mais aussi et surtout de ces quelques 8 millions de Burkinabés et Maliens économiquement dépendants de la terre d’ Eburnie. Le plan a bien marché. La rébellion tout comme la crise post-électorale ont été édifiantes. Plusieurs centaines de combattants pro-Ouattara venaient directement de ces pays.

Aujourd’hui encore, on en compte parmi ceux qui attaquent villages et campements depuis le début de la campagne présidentielle. Les exemples de Bongouanou, Béoumi et Dabou l’attestent aisément. En fait à la différence des grandes agglomérations, les populations dans ces contrées se pratiquent quotidiennement. Il est tout de même difficile pour un Koffi de Béoumi d’attenter à  la vie du Cissé y demeurant. Et vice-versa. Ce frère, allié et voisin avec qui il a fêté 30 Tabaski et 30 ‘’Paquinou’’.

Lire Aussi : Côte d’Ivoire : désormais tout y ait, que rien ne vous surprenne, [absolument rien] !

Savamment manipulées, ces âmes faibles (non nationaux) pensent que leur salut dépendrait uniquement du maintien d’Ado au pouvoir. Pas facile de faire le discernement. Quand des gens censés vous guider dans le bon sens vous disent nuitamment que « si vous ne le (Ouattara) soutenez pas qu’il perd le pouvoir, les gens vont vous chasser du pays.» Ignorant qu’avant et après le règne Ouattara, le pays de l’hospitalité continuera de l’être.

Fort heureusement il n’y a qu’une minorité qui est prise à ce piège identitaire. Nous avons rencontré plusieurs dignitaires du Faso et du ‘’Malibâ’’ dans le cadre de nos activités. Ces derniers refusent de mordre à cet hameçon. Ils n’ont qu’un seul vœu : « Que nos chefs (leaders politiques, Ndlr)  s’entendent pour qu’on continue de vivre en paix avec nos frères Ivoiriens. »

…du fric…

Ce n’est pas nouveau. L’éventualité de la perte du pouvoir est cauchemardesque. Surtout quand 9 ans durant on a fait que passer des marchés gré à gré, emprisonner ses concitoyens, contraindre certains à l’exil, plomber les coûts des matières premières, fermer les yeux sur les crimes d’enfants dits en conflit avec la loi,  précipiter la mort de ceux qu’on a remplacés aux affaires en gelant leurs avoirs etc.

La longueur de la liste des injustices commises détermine l’envergure du sacrifice. L’argent ne résout pas tout. Néanmoins le fric règle/déplace beaucoup de problèmes. Ainsi pour leurs intérêts (fric) les grands de ce monde se moquent de l’Afrique. En France comme aux Usa, faire 3 mandats n’existe pas dans le lexique politique. Et Emmanuel Macron, Donald Trump, Charles Michel (Ue) et Antonio Guterres (Onu) savent qu’ Alassane Ouattara a passé 2 fois 5 ans à la tête de la Côte d’Ivoire. Refusent par contre de lui dire que son projet est contraire aux valeurs démocratiques. D’ailleurs que gagneraient-ils à soutenir une opposition menée par des chantres de la préférence nationale ? Tandis qu’avec l’autre c’est du tout bénef ? C’est tout le sens du mutisme constaté.

….Et du sang versé

Les militants du Rhdp auraient aimé parcourir villes, villages et hameaux pour vendre « Le Meilleur » aux électeurs. Malheureusement ils sont bien obligés de tourner en rond. Ensuite se consoler avec les quelques images de campagne sur Facebook. L’épreuve est d’autant plus pénible pour Kouadio Konan Bertin. Challengeur-malgré lui- du candidat au 3ème mandat consécutif. KKB lui aussi fait la ronde. Mais uniquement dans quelques bourgades . Face à une poignée de prospects.

Car il existe une autre Côte d’Ivoire. Où l’ambiance n’est pas à la présidentielle,  plutôt à la désobéissance civile. De côté-là on estime que la candidature d’Alassane Ouattara est illégale et anticonstitutionnelle. Pour se faire entendre, on emploie les moyens du bord : obstruction de voies à l’aide de tronc d’arbres, marches, sit-in. Et  malheureusement, débordements et la colère aidant, destruction de biens.

Lire Aussi : Lettre ouverte à SEM Alassane Ouattara : Cher Président, ce dernier acte et tout sera accompli !

En conséquence des ministres de la République sont refoulés par leurs propres populations sur le chemin de la campagne électorale. De conflits estampillés ‘’communautaires’’ éclatent par endroit pour finalement déboucher sur l’instauration de couvre-feu. Nous sommes à fond dans le processus électoral le plus insipide de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Mais aussi le plus meurtrier. Officiellement il n’y a pas moins de 30 morts depuis que des Ivoiriens ont décidé de dire non au 3ème mandat de candidat du Rdr. Pour ça  on tue, on décapite et on brule en Côte d’Ivoire. Dans le sang et sur les corps,  la caravane du « Meilleur » poursuit son chemin depuis. Sauf que ce samedi elle observera une halte spéciale. En cause, la mort hier vendredi du ministre Sidiki Diakité. Le message est clair. Ceux qui l’ont précédé au lieu de vérité depuis l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara, ne méritent pas cet honneur. Que ceux qui le peuvent, prient sincèrement pour la Côte d’Ivoire !

Marius Aka Fils

commentaires
Loading...