Conflits intercommunautaires en Côte d’Ivoire : voici pourquoi ce ‘’carrefour Béoumi’’ est plus dangereux
De deux choses l’une : soit les pyromanes sont en train de tester leurs capacités de nuisance avant 2020, soit les rancœurs commencent par prendre le dessus sur la raison. Agboville, Bouna, Guiglo 1, 2 et 3, Zouan-Houien, Bangolo, Bassam, Bocanda, Touba puis Béoumi et sans oublier Bouaké, la tristement célèbre. On blesse, on brûle, on tue. Après les caméras de la Rti suivent les autorités pour une ‘’mission de pardon’’. Puis, rien du tout. Sinon le mal reprend. Mais attention, Béoumi est dangereux !
Que cet article soit lu, relu, analysé et advienne que pourra ! Notre métier nous commande aussi d’interpeller ; par moment de dénoncer sans fioritures. Il y a eu ‘’Béoumi’’ et tout ce qui a précédé parce que les politiques ivoiriens l’on voulut. Pour la simple raison que des politicards ont choisi des régions ou des groupes ethniques comme produits phares de leur marketing politique. Parce que certains peuples estiment qu’ils ont « gagné la guerre de 2010 », ont commis des atrocités et « ce n’est pas allé quelque part » pour emprunter leurs propres termes.
Il y a eu ‘’Bocanda’’ et d’autres désastres à cause de ces communautés qui se victimisent. Oubliant qu’elles ne sont pas exemptes de reprochent dans ce feuilleton meurtrier. ‘’Bouna’’ et d’autres conflits car des non nationaux jugent que c’est le temps de la vengeance ; le temps de montrer que la Côte d’Ivoire appartient à tous.
Tout ceci est tributaire de la cupidité et de la soif du pouvoir qui poussent de hautes autorités à accepter d’ignorer le massacre de leurs propres frères et sœurs. Parce que le « rattrapage ethnique » donne des ailes même aux ignares. Parce que la mort d’un humain est désormais un fait banal car des égorgeurs, des sanguinaires sont plutôt applaudis. Parce qu’un groupe pense que Ouattara restera éternellement au pouvoir ou alors d’autres encore se disent que Gbagbo viendra les sauver. Quand une autre partie trouve quant à elle judicieux de s’approprier le combat découlant du divorce entre les ex-alliés de l’Hôtel du golf. Car vivant au gré des relations entre Bédié-Ado-Soro et Gbagbo.
La Côte d’Ivoire n’est pas née après 2000
Depuis le 10 mars 1893 et même avant, à Béoumi, Guiglo, Zouan-Houien, Bangolo, Agboville… ne vivaient pas que des autochtones. Ces ‘’Malinké’’, cités dans quasiment tous les épisodes de ce feuilleton dévastant, se retrouvent un peu partout en Côte d’Ivoire depuis des lustres. Existe-il un seul campement en Côte d’Ivoire qui n’abrite pas au moins un ressortissant du Nord ivoirien voire au-delà ? Non ; réponse absolue.
Seulement depuis l’après 90, c’est-à-dire l’entrée en politique de certains noms bien connus du milieu, tout a changé. Du coup, le voisinage Baoulé- Bété est devenu difficile, des ressortissants des pays de l’hinterland sont ‘’bombardés’’ « nordistes » par la volonté de ces mêmes fossoyeurs. Jouissant de tous les privilèges démesurés, ceux-ci s’incrustent dans les « hordes de jeunes Malinké » pour servir ce que nous voyons. Quoi de plus normal si leurs services ont été loués pendant la crise post-électorale. Histoire de répondre de façon proportionnelle aux atrocités commises par « les mercenaires libériens de Gbagbo.» Semblions-nous comprendre à l’époque. Il se dit et ce n’est peut-être pas faux : l’Ivoirien de sang n’a pas la force pour brûler ou égorger son semblable.
Entendons-nous bien. Il n’y a pas que ces derniers cités sur le banc des accusés. La Côte d’Ivoire n’est plus ce havre de paix parce que des menteurs de grand acabit ne manquent dans les plus hautes instances de décision. Quand M. X dit que M. Y est dans le faux et que M.Z soutient M.Y. et que pour des intérêts grégaires et alimentaires, M.X et M.Y deviennent des ‘’frères’’ pour combattre Z. Et que peu de temps après pour les mêmes intérêts, on revoit Z et X ensemble, c’est dire que les Ivoiriens ont été bernés depuis des décennies. Des faits très graves ayant entrainé, troubles, morts d’Hommes, déplacés, exilés sont restés sans suite, sans enquêtes ou alors des enquêtes sans conclusions ou du moins des conclusions sans moralité. Pendant ce temps des gens acceptent de tomber dans le jeu de ces pyromanes.
Populations de Béoumi pourquoi ne mettez-vous pas cette énergie au service de la lutte contre la cherté de la vie qui n’épargne personne du reste ? Contre la mévente des matières premières agricoles ? Guiglo, Zouan-Houien, Agboville pourquoi vous jeunes Burkinabé, ‘’Malinké’’, Baoulé, Wê, Dan, n’assiégez-vous pas la Direction régionale de l’Agriculture ou de la Santé afin que le prix du Cacao bord champ passe au moins à 1000 F le Kg ? Ou alors pour que vos parents cessent de mourir par manque de soins ou de moyens financiers ?
Nous l’avons déjà dit : ouvrez bien les yeux, vous irez rarement à l’enterrement du fils ou de la fille d’un leader politique morts dans des affrontements. Mais si vous refuser de nous écouter, chaque vendredi sera jour d’inhumation de vos proches.
Béoumi n’est pas loin de Bouaké. Si rien n’est fait, les ‘’alliés’’ Baoulés d’un côté et ‘’Malinké’’ de l’autre descendront de Bouaké. Cette ville où la moindre étincelle suffit à créer un incendie, pour aider Gôdê et Malinké à continuer à se massacrer. Et rien ne prouve que les caches d’armes ne soient pas revisitées. Attention la Côte d’Ivoire risque de sombrer de nouveau. L’incivisme a atteint un niveau important et ce n’est pas bon signe.
Marius Aka Fils