Pénurie d’eau à Bouaké…, chaleur ‘’punitive’’ : ces vérités que vous ne sauriez jamais ! (1ère partie)

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Les récurrentes pénuries en eau en Côte d’Ivoire, surtout celles enregistrées à Abidjan et plus fraichement à Bouaké et villes environnantes, sont symptomatiques d’un mal profond. A tous ceux qui vivent sur le territoire ivoirien, croisez bien les doigts car le pire risque de se produire si rien n’est fait !

 

Nos habitudes de vie favorisent en effet les changements climatiques contre lesquels des actions concrètes exigent d’être menées. Pour vous donner l’information juste sur ces difficultés liées à l’eau, Inprouvafrica.com est allé justement en eau profonde. La ligne éditoriale l’exhortant. Nous avons donc investi un milieu bourré de données à couper le souffle.  Allons donc à la source du mal pour ensuite remonter à la surface. Mais avant, invitons-nous d’entrée à lever certaines équivoques.

Selon les spécialistes que nous avons approchés, il convient de faire la différence entre changement climatique (CC) et la météo.   On parle de météo quand il s’agit de l’évolution du temps sur un jour ou une semaine. Le climat, lui, s’observe sur de longues périodes, d’au moins trente (30) ans.Et il y a changement climatique parce qu’il y a trop de Gaz à effet de serre (Ges) dans l’atmosphère.  Aussi, il importe de faire le distinguo entre l’effet de serre et la couche d’ozone. La couche d’ozone nous protège des rayons ultraviolets, qui sont nocifs pour les êtres vivants. Que les choses soient claires dorénavant.

Quand bien même l’effet de serre n’est pas mauvais en soi !

L’effet de serre naturel est profitable à l’humanité en réalité. Car c’est ce qui régule la vie sur terre. Là où le bât blesse, c’est plutôt les gaz à effet de serre produits par l’activité humaine. Il s’agit entre autres du l’utilisation du charbon (houille), du gaz naturel et du pétrole qui servent à faire rouler les moyens de transport (Voitures, avions…),  alimenter les usines en énergie, chauffer les maisons ou les entreprises, ou produire de l’électricité; par l’Agriculture sur brulis, l’élevage, la déforestation.

Essayons de comprendre davantage

L’effet de serre  permet par exemple de conserver la chaleur sur la terre. Grâce aux Gaz à Effet de Serre, la température moyenne sur la terre est de 15 °C.  Sans eux, la température serait de.-18 °C, ce qui  très froid ! Conclusion, le mal provient en quelques sortes du trop-plein de Gas. Et il existe six (6) Gas responsables du changement climatique dans le monde.

Les 6 Gas responsables du Changement climatique dans le monde

Le dioxyde de carbone : CO2. Source: transport utilisant des hydrocarbures Le méthane: CH4.  Source: déforestation, l’agriculture, élevage
Le protoxyde d’azote : N2O. Source: l’industrie chimique
L’exafluore de soufre : SF6. Source: équipements à haute tension, production de magnésium
L’hydrocarbure perfluoré : PFC. Source: industrie chimique
L’hydrofluorocarbone : HFC Source: industrie chimique

 

La Côte d’Ivoire 1er en bien comme en ‘’mal’’

Tout est alarmant finalement. Sachez qu’autant la Côte d’Ivoire est leader mondial en production cacaoyère autant le pays de Drogba Didier détient la même distinction en terme de taux de déforestation. Figurez-vous que dans les années 60 son couvert forestier s’estimait fièrement à plus de 16 millions d’hectares. En seulement un peu plus d’un demi-siècle, les 462 342 km2 n’abritent qu’environ 3 millions d’hectares de forêts. Encore qu’à dire vrai, ces quelques touffes de forêts (environ 3 millions ha) présentées par les médias sont clairsemées.

Notons qu’au plan mondial, le sombre tableau des causes du changement climatique par secteur d’activités  s’illustre ainsi :

 

 

Ce qui est à l’origine de tous nos problèmes

Quant au cas Côte d’Ivoire, pour tout vous dire  et en nous appuyant sur les analyses d’Experts, l’Agriculture à elle seule pulvérise à hauteur de 38% l’atmosphère ; parlant des secteurs émetteurs de Ges en Côte d’Ivoire. Ce secteur représente en clair, le 1er secteur émetteur.  Ce qui est facile à expliquer puisque le secteur agricole est le 1er employeur de ce pays. Plus de la moitié de la population y travail selon la Banque Africaine de Développement (Bad). 2ème au banc des accusés, la Production d’électricité (22%), ensuite 3ème le Transport (15%)  et en  4ème position vient le Bâtiment.

Pourquoi l’eau manque à Abidjan, Bouaké …. ?

Presque tous pâlissons d’envies lorsque nous découvrons les bâtisses de rêve sortant de terre quasi quotidiennement à Abidjan. Quoique cette ruée vers la démonstration de richesse chasse le peu de verdure disposé  par la nature dans ces grandes agglomérations. Aujourd’hui l’on a du mal à retrouver les limites, pourtant existant, entre Abidjan-Bingerville-Dabou-Grand-Bassam et Anyama. Les opérateurs du secteur de l’immobilier s’en fichent. Une fois les droits coutumiers purgés, de grosses machines sont mises en scelle et en quelque jours, la touffe de forêt fait place à un terrain nu puis viabilisé et enfin, les villas apparaissent.

La forêt du  Banco, l’unique poumon vert car oxygénant la capitale économique ivoirienne, est lui-même sous menaces. Ce véritable réservoir hydraulique fort de ses 3 474 hectares de forêt tropicale est une réelle bouée de sauvetage. Seulement voilà,  400 hectares (ha) ont été sacrifiés sur l’autel de la promotion immobilière gouvernementale. Précisément en faveur de la mise en œuvre du projet de logements sociaux initiés par l’État de Côte d’Ivoire.

Construire la cité Ado est une bonne chose. Mais le faire en agressant le poumon vert s’avère hautement  négatif. Car c’est bien grâce à cette forêt en effet que l’eau de pluie s’infiltre et  charge la nappe phréatique. Cette nappe souterraine dans laquelle la Société de Distribution d’Eau de Côte d’Ivoire (Sodeci) pompe l’eau pour la traiter et ensuite servir les ménages. Et l’autre conséquence dramatique est les arbres ayant disparu, quelques minutes après les pluies, toute l’eau prend le chemin  des  inondations.

Qui est à la base des malheurs des Bouakéens?

Pour sauver les meubles, la Ville de Bouaké, 2ème plus grande de Côte d’Ivoire, a bénéficié à l’époque de planting d’essences notamment le teck. Bouaké n’ayant de ‘’Forêt du Banco’’. Hélas, de 2002 à 2011, cette partie du pays fut le théâtre de pillage sans précédent de ces ressources.  Les tecks se comptent désormais du bout des doigts.

La conséquence est toute  frappante : les populations endurent une sévère pénurie d’eau potable. Ce à cause  d’une longue sécheresse ayant  provoqué l’assèchement de la quasi-totalité de la réserve d’eau retenue par le barrage de la Loka qui n’est autre que la principale source d’approvisionnement. Avis donc aux habitants de Bouaké et environs : inutile d’accuser la Sodeci, elle est impuissante face à cette situation.

Le mal est là tandis que les préoccupations sont ailleurs

Hier (mardi 01 mai 2018) alors que les discours s’enchainaient du côté du Palais Présidentiel à l’occasion de la célébration de la Fête du Travail, nous recevions un appel émanant de Ouelé, commune située au nord de Daoukro (Est de la Côte d’Ivoire). Notre interlocuteur qui a requis l’anonymat est enseignant et y vit depuis des années : «  Monsieur Aka, faites un tour ici et vous verrez…la dernière fois qu’on a vu l’eau sortir des robinets de la Sodeci c’était en janvier 2018… Et croyez-moi, nous sommes mieux lotis comparativement à d’autres quartiers. » Véritable cri de cœur.

Hélas, vraisemblablement la lutte contre le changement climatique n’occupe pas grande place dans l’agenda de la classe politique ivoirienne. Encore moins les populations qui malheureusement sont confrontées à un autre combat, celui relatif à la pauvreté ou à la cherté de la vie. Ou alors  on s’entretue pour le pouvoir économique et militaire,  soit on se bat à sang pour s’octroyer des parcelles de terre à exploiter soit on passe le clair de son temps à  intégrer ou sortir du « Parti unifié.»

Tandis que la température à Abidjan a depuis peu, atteint les 40 degrés C., fait inédit.  Les paysans «  au centre » des différents projets de sociétés ne savent plus à quel saint se vouer du fait des effets pervers du changement climatique (Modification du calendrier agricole ; inondation des cultures ; faiblesse de la croissance de la biomasse et une réduction des potentialités productives des écosystèmes ; accentuation de la sècheresse; pertes de productions agricoles; perte de revenu; accentuation des mouvements, migratoires des populations.)

Le sort réservé aux populations urbaines n’est pas non plus reluisant : (inondations, avancée de la mer, canicule infernale, maladies…).  A souligner que l’Immobilier,  l’Agriculture, et l’usage de bois de chauffe sont de gros moteurs de déforestation en Côte d’Ivoire.  Les derniers cités constituent respectivement le 1er et  le 2ème nous apprend-on. Le fait est que l’agriculture extensive faite de techniques des cultures itinérantes sur brûlis, demeure dans les mœurs. A cela s’ajoute la surexploitation de la forêt en bois d’œuvre et bois énergie.

A ce niveau, n’ayons pas peur de mentionner qu’il existe un vaste réseau de trafiquants  qui pillent parfois sans être inquiétés ces ressources en Côte d’Ivoire. S’agissant du bois énergie, nul n’ignore que nos mamans aussi bien en zones rurales qu’en zones urbaines,  utilisent soit le charbon de bois soit le bois (fagots) depuis Mathusalem.

Quelles solutions à cette catastrophe annoncée ? Bientôt ‘’Pénurie d’eau à Bouaké, chaleur ‘’punitive’’ : ces vérités que vous ne sauriez jamais ! (2ème partie) sur www.inprouvafrica.com

Marius Aka Fils

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