La pandémie du covid-19 drainera à coup sûr, tout un corolaire de spécificités à l’africaine. La sociologie du continent noir aidant. Depuis un certain temps, les marchés-même celui de la Riviera-Palmeraie dit de ‘’chocos’’- sont inondés de vendeuses de feuilles de neem. A la promesse que ces plantes contenant de la chloroquine, soignent la maladie à coronavirus.
Le Directeur de Cabinet du Ministre ivoirien de la Santé et de l’Hygiène Publique (MSHP) a convoqué pour demain vendredi 27 mars, les professionnels de la Médecine traditionnelle de Côte d’Ivoire et bien d’autres sachant des questions de santé publique. Bonne nouvelle et belle initiative !
Ces experts seront sûrement appelés à entrer en laboratoire en vue de renforcer le dispositif ivoirien de riposte face à la pandémie du covid19.
Nous proposons qu’à l’ordre du jour de cette importantissime séance de travail, les autorités ajoutent un point portant sur la sensibilisation contre l’automédication. Car l’autre urgence, c’est bien cette problématique.
En effet les idées reçues ont lubrifié la ruée vers la chloroquine ardemment recherchée, actuellement par certains ivoiriens, dans les feuilles de neem. Et comme le veut la loi du marché, l’offre du feuillage du margousier abonde sur nos marchés. Et tenez-vous prêts : « Les gens ont créé leur maladie espérant qu’ils vont prendre notre argent dans les pharmacies comme ce qu’ils ont fait pour le Sida…Nous on a notre neem et on va tuer leur virus-là. » No Comment.
Juste mentionner que celui qui parle (K.D) est selon ses dires, titulaire d’un bac+3. Nous l’avons vu tôt ce matin aux abords du marché brulé aux ¾ de la Riviera-Palmeraie.
Comme K.D, ils sont nombreux à s’être convaincu que la décoction de feuilles de neem aide à soigner la maladie à coronavirus. D’autres arguent utiliser cette « solution » pour se prémunir de cette pathologie. Autrement dit il y a danger ! Il convient donc d’interpeler les autorités compétentes à l’effet de sauver des vies. Car tentative d’interpellation n’a rien donné.
Tandis que ceux mêmes qui ont la manie des plantes médicinales ne partagent pas ces méthodes. Nous avons joint la Fédération nationale des praticiens de la médecine traditionnelle ce jour-même. Aussi avons-nous demandé l’avis de l’ex-président de ladite plateforme en la personne de Docteur Ano Kouao Daniel; très connu grâce à ses interventions médiatisées.
Effectivement ceux qu’on appelle communément « Tradi-Praticiens » certifient le fait que les feuilles de neem contiennent de la chloroquine. Sauf que : « Ce n’est pas suffisant. Il faudra ajouter des antibiotiques, des anti-inflammatoires et bien d’autres médicaments contenus dans d’autres plantes…Un seul médicament ne peux guérir cette maladie ! » Martèle Ano Daniel qui regrette par ailleurs de n’avoir pas été associé au processus. Lui qui se dit pourtant capable de contribuer positivement aux côtés des praticiens de la médecine moderne aux réflexions scientifiques relatives au coronavirus. « La médecine traditionnelle étant la mère de toutes les médecines », soutient-il.
Protocole, c’est également de ce dont parle Dr. Dorgelès Brou (Pharmacien). Cet apothicaire a même décidé de faire une vidéo de sensibilisation des populations suite face dangers encourent par celles-ci en recourant à l’automédication.
Dr. Brou explique en effet que si le traitement de la maladie ne limitait à la chloroquine, il n’y aurait pas eu tant de morts dans le monde : « Le traitement de la maladie à coronavirus s’inscrit dans un protocole. La chloroquine intervient certes mais on y ajoute de l’Azithromycine (antibiotique), avec une oxygénothérapie, des vitamines en intraveineuse, des sérums glucosés…Vous ne pouvez pas vous traiter seul. Le plus important c’est de respecter toutes les mesures d’hygiène. Ou alors se rendre rapidement à l’hôpital si l’on présente des symptômes. » Recommande le spécialiste.
Par conséquent, nous demandons aux populations de s’abstenir d’acheter des feuilles de neem dans l’intention de « soigner la maladie à coronavirus ». On pourra peut-être admettre que ces plantes associées à d’autres et à dosage maitrisé, guérissent le paludisme. L’automédication tue ! Arrêtez donc ! Suivez plutôt les consignes indiquées ! Le gouvernement ivoirien à travers le Ministère de la Santé est à fond dans les recherches de solutions. Il va falloir faire confiance aux chercheurs qui ont déjà fait des prouesses d’ailleurs !
Marius Aka Fils