Opinion : André Sylver Konan, très cher aîné, nous avons visionné la vidéo de Bédié ; dédramatisons !

Par réflexe de solidarité nous adhérons à la campagne #JeSuisASK et nous l’assumons. Parce qu’il n’est pas bon de jeter le soir le couteau qui a servi à concocter les beaux mets à midi. En revanche, nous avons visionné puis revisionné la ‘’fameuse’’ vidéo du président Henri Konan Bédié. Il n’y a pas vraiment péril en la demeure.

En parcourant attentivement l’extrait de la vidéo qui ‘’fâche’’, nous voyons un Président Bédié lire un discours. Les yeux plongés dans ses notes qu’il tient d’ailleurs fermement entre les mains : «  Aujourd’hui nous pouvons affirmer que leur (Parti unifié) désillusion est grande et leur enthousiasme s’éteint progressivement [Applaudissements de l’auditoire] à chacune de leurs timides sorties où ils ne cessent de convoyer de frais-faux militants pour espérer tromper l’opinion nationale et internationale. Comme ce fut le cas récemment à Paris et à Sinfra [Applaudissements de l’auditoire]… »

Puis une posture carrément différente. Déconcerté, le sourire narquois, sans regarder ses notes cette fois, l’orateur reprend la parole après une courte pause : «  A Paris il s’agissait effectivement d’une réunion à la laquelle ils sont allés  chercher tous les Maliens à la sortie [Hourras dans l’assemblée]… »

On peut avancer ici l’hypothèse de la rhétorique manichéenne. Deux attitudes distinctes. Primo  le ‘’ Bédié  officiel’’  livrant son discours. Nous sommes là dans le solennel. Secundo, l’orateur qui s’offre un moment d’aération. A preuve, dans cet élan sarcastique, l’homme est hyper détendu. À la limite de l’humour, toute la gestuelle démontrant qu’il a, à cet instant précis de son intervention, adopté un ton ironique.

Aidé du reste par un auditoire qui semble en demander davantage.  « …Ils sont allés chercher tous les Maliens à la sortie de la messe (sic) de 13 h… » Ce bout de phrase achève de convaincre, l’orateur chahute simplement ses alliés d’hier. Car Bédié sait que même le 10^ème de la diaspora malienne en France ne saurait contenir dans cette salle. Juste une façon de contredire l’adversaire qui clame ratisser large dans ses rangs. Et qui pour lui veuille « tromper l’opinion nationale et internationale ».

Nul mieux que ‘’N’Zueba’’ne sait l’importance des chiffres en langage électoral. Adama Bictogo ambitionne d’enrôler + 3, 7 millions de militants. Et la rencontre de Paris est une activité liée à cet objectif. En vérité, le patron du parti sexagénaire contre-attaque stratégiquement. Lui que cet adversaire (Rhdp unifié) réduit parfois au « chef du Pdci de Daoukro  ».

A l’analyse nous sommes à fond dans l’avant- guerre des chiffres; en prélude à 2020. Les initiés comprendront. ‘’Vous me traitez de « président du Pdci de Daoukro » alors moi je rétorque que vous n’avez que de « vrais-faux militant »’’. Tel est la substance de l’intermède ironique du discours de Bédié.

Vincent Eurieult, spécialiste de la question, disait d’ailleurs ceci : «  Un discours passe avec l’image et la gestuelle à 60%, le son 30%, les mots 10%.»

Du caractère «  mensonger et xénophobe des propos de Bédié »

Objectivement , dire « ils sont allés chercher tous les Maliens… » pourrait s’avérer « mensonger » mais n’a absolument rien de xénophobe. Encore qu’il n’est pas exclu que cet ancien Chef d’Etat détienne les preuves de ces allégations.

Le dire n’est pas exprimer de la haine pour cette communauté. L’acte xénophobe c’est plutôt ce qu’ont posé des Maliens en février dernier chez eux. A l’encontre des Ivoiriens,suite l’élimination de leur sélection par les Eléphants de Côte d’Ivoire à la Can. Nulle part Hkb n’a pas dit que les Maliens ne sont pas bons ou alors dangereux pour la Côte d’Ivoire. Il n’a non plus incité le peuple ivoirien à se révolter contre leurs frères maliens.

C’est certainement nos analyses et commentaires qui produiront l’effet contraire si nous n’en prenons garde.  Il faut bien que l’Ivoirien aient maintenant la liberté de prononcer  les termes ‘’étranger, burkinabé, malien etc. sans qu’on ne fasse le lien avec la xénophobie.  Autrement ce serait ‘’victimiser’’ le non ivoirien. Nous sommes tous étrangers quelque part. Raison pour laquelle tous les pays du monde disposent d’un ministère des Affaires étrangères. Être étranger, Malien ou Burkinabé n’a absolument rien d’insultant.

Cette fois la sortie du ‘’sphinx de Daoukro’’ est « mensongère », soit. Néanmoins c’est ce leader politique qui a eu le courage de dénoncer l’orpaillage clandestin en Côte d’Ivoire. Véritable danger pour l’environnement, l’agriculture, l’économie  et surtout pour la sécurité de nos populations. Nous sommes témoins de la capacité de nuisance de certains de ces opérateurs. Ouvrons bien les yeux ! Mais avant, relativisons les propos de Bédié !

Marius Aka Fils