Covid19/ Monique Gbékia (Pdte LIDER) pose le diagnostic et prescrit des  »remèdes » à l’État !

0

Depuis la fin de l’année 2019, le monde entier est confronté à une crise sanitaire due à la pandémie du Coronavirus. Notre pays, la Côte d’Ivoire, n’a pas échappé à l’expansion de la maladie, pis il a enregistré une progression spectaculaire et inquiétante de cas d’infection.

Cette situation a conduit le chef de l’État à prendre une série de mesures, dont la proclamation de l’état d’urgence du 23 mars au 15 avril 2020, et l’instauration d’un couvre-feu de deux (02) semaines à compter du 24 mars sur toute l’étendue du territoire national. Malgré tout, la pandémie progresse et l’inquiétude se fait grandissante dans la population.

Si la Côte d’Ivoire est confrontée à l’inflation quotidienne des cas d’infection et est aux prises avec un défi sanitaire auquel rien ne la préparait, force est de constater que le gouvernement ne s’est pas donné les moyens pour empêcher l’entrée du Covid-19 sur son sol.

C’est à juste titre que l’opinion publique ivoirienne s’est indignée et continue de s’indigner contre les passe-droits accordés à certains proches du pouvoir qui ont réussi à échapper à la quarantaine imposée au reste des citoyens présentant des risques d’infection.

En conséquence, LIDER fait le constat d’une gestion calamiteuse de la crise par le gouvernement ivoirien, toute chose qui fait peser une grave menace sur la vie de millions de citoyens.

LIDER note le refus déconcertant du gouvernement de créer les conditions d’un dialogue républicain pour engager tous les acteurs politiques, économiques et sociaux dans la lutte contre cette pandémie ;

LIDER dénonce dès lors la duplicité et le cynisme de l’appel à l’union du président de la République et du gouvernement dont la gestion partisane, opaque et solitaire de la crise est tout le contraire d’un quelconque désir d’unité et de cohésion. C’est cette démarche méprisante et inconséquente qui justifie les actes malheureux de dégradations des installations sanitaires de Yopougon.

LIDER marque sa surprise quant au silence du parlement ivoirien, en particulier devant les graves violations des droits humains enregistrés aux premiers jours du couvre-feu et eu égard aux nombreux manquements du gouvernement alors que l’Assemblée nationale avait assuré par la voix de sa porte-parole, même si cela reste choquant : «le Bureau de l’Assemblée nationale se [réunirait] régulièrement, sous la présidence du président de l’Assemblée nationale pour évaluer et apprécier la situation en étroite relation avec les services sanitaires du pays.» Qu’en est-il de ces réunions à ce jour ?

Pourquoi, le parlement, en l’absence du dialogue républicain souhaité, refuse-t-il de faire contrepoids, au nom du peuple qu’il représente et qui est potentiellement en grand danger ? Pourquoi n’interroge-t-il pas la doctrine sanitaire de l’Etat de Côte d’Ivoire, plus proche de celle du Japon, de la Suède etc. que de l’ensemble des pays européens par exemple ? En effet, dans le cas de la Côte d’Ivoire, tout porte à croire que l’approche ne consiste pas à stopper la chaine de contamination, mais à la freiner comme le rappelait le Professeur Eholié sur le plateau du journal télévisé de 13h00 hier dimanche 5 avril 2020. Un tel choix de laisser la maladie prospérer en misant sur l’immunité individuelle et collective et sur la faible mortalité de la pandémie, rend discutable la proclamation de l’état d’urgence et des mesures subséquentes comme le couvre-feu.

LIDER s’offusque du manque d’anticipation, de planification et de la faiblesse de la coordination des actions de lutte attesté par les hésitations, les reniements de soi comme les exemples nous ont été fournis dans le cas du « confinement » ou de « l’auto-confinement », dans le cas du report de la date d’isolement d’Abidjan, dans le cas du découpage territorial opportuniste justifié par le fait du prince digne d’un régime monarchique, dans le cas des recommandations extrêmement précaires, labiles, dont le dernier exemple concerne le port du masque généralisé ;

LIDER regrette que l’on ait dû attendre la colère des personnels de santé pour convenir de la nécessité de leur protection effective. Dès lors, LIDER voudrait rester prudent quant aux annonces faites d’un règlement de la situation et de l’enrichissement du dispositif de prise en charge.

En conséquence de tout ce qui précède,

  • LIDER exprime ses craintes devant l’évolution rapide de la pandémie en Côte d’Ivoire ;

  • LIDER fait le constat de la panique et de la désertion d’un gouvernement aristocratique qui choisit le confort d’une retraite paisible sur des sites balnéaires hors d’un danger dont il ne prend pas les mesures pertinentes pour épargner le peuple. Ce mépris de classe doit être dénoncé avec vigueur.

Par ailleurs, LIDER rappelle que le Centre d’information et de Communication gouvernementale (Cicg) a produit un document daté du 1er novembre 2018 intitulé : «Secteur de la santé en Côte d’Ivoire, des résultats qui impactent positivement la vie des populations», et qu’il y est clairement indiqué que la Côte d’Ivoire a mis en place des dispositifs d’anticipation efficaces qui permettent de faire face à d’éventuelles crises sanitaires ? Cela aurait nécessité un investissement de plus de 540 milliards de FCFA. D’après cet organisme gouvernemental, il est prévu d’autres investissements d’un montant de 833 milliards de fcfa pour la période 2018-2020. Tout le monde peut désormais juger de la nature de ces annonces.

La réalité attestée par les propos du directeur général de la santé, c’est que 60 ans après l’indépendance, le dispositif sanitaire de la Côte d’Ivoire se résume aux chiffres suivants :

150 lits d’hospitalisation,

33 lits de réanimation,

30 respirateurs.

Pourtant, en 2018, le gouvernement Ouattara dit avoir dédié 380,7 milliards de fcfa à la santé, et 415 milliards fcfa en 2019.

Au vu de ce décalage, on peut valablement se demander si les chiffres émis par le gouvernement sont crédibles. Si oui, qu’est-ce qui a été fait de ces fonds ? Pour l’heure, le Covid-19 fait apparaître le grand mirage de la politique sanitaire ivoirienne.

Pour sa part, dans son adresse à la nation le 31 mars 2020, le premier ministre, a fait mention d’un plan de riposte sanitaire d’un montant de 95 milliards 880 millions de fcfa arrêté par le président de la République, avec 25 milliards de ressources propres en attendant de discuter avec des partenaires financiers qui apporteront le complément. Cet argent est-il décaissé ? Comment sera-t-il géré pour endiguer la propagation du virus ? Quelle est la part mise à la disposition des municipalités de l’intérieur où on dénombre des cas ?

Dans ce même discours, il a annoncé que des stocks de médicaments sont disponibles pour faire face aux besoins. Où sont ces stocks ? Il serait bien que la transparence soit observée sur ces points.

Il apparait clairement que si la propagation du coronavirus est exponentielle aujourd’hui en Côte d’Ivoire, cela est dû à l’impréparation, à l’amateurisme et au manque d’anticipation du gouvernement.

Nous situant donc dans une autre phase de la menace, LIDER exige du gouvernement :

le dépistage en masse des populations, notamment celles souffrant de fièvre, toux, perte de l’odorat et du goût et autres symptômes connus du covid-19. L’Etat doit se donner les moyens d’une telle ambition en sollicitant les expertises connues dans ce domaine de quelque pays au monde où elles existent ;

de clarifier sa doctrine : confinement généralisé ? Non confinement ? Confinement de distanciation sociale comme récemment entendu ? L’Etat doit mettre courageusement des mots sur sa politique et en tirer toutes les conséquences économiques, sociales et politiques ;

la commande et la distribution de masques aux populations ;

la mise à la disposition des collectivités territoriales des sommes prévues à leur budget pour qu’elles puissent gérer de façon efficace et autonome la pandémie ;

LIDER s’inquiète de la persistance d’informations donnant la Côte d’Ivoire pour le théâtre d’expérimentations d’un vaccin en dehors des dispositions pertinentes de la déclaration d’Helsinki de l’Association médicale mondiale (Amm). Si ces informations s’avéraient vérifiées, LIDER exhorte les populations et les professionnels de la sante à refuser d’entrer dans toutes initiatives de tests de vaccination qui ne seraient pas conformes aux principes éthiques de l’Amm.

Pour conclure, nous invitons les populations à ne pas céder à la panique, mais plutôt à faire leur part de sacrifice pour préserver, voire épargner leurs vies. Les gestes barrières universellement admis doivent être systématiquement appliqués. Cela implique également un changement de mentalité, car l’indiscipline, l’irresponsabilité, le laxisme, le mensonge, d’où qu’ils viennent, ont un prix.

Je vous remercie.

Monique Gbekia

Présidente de Lider

commentaires
Loading...