Pourtant nos connaissances balbutiantes en communication politique nous poussaient à le désigner comme le Mélenchon ivoirien. Ce leader politique qui maitrise sa Com. Ironie du sort, Guillaume Soro semble faire les frais de la magie des nouveaux médias. Et son capital confiance se désagrège graduellement.
Une petite rétrospection via quelques vidéos [Réseaux Sociaux (RS)] du fondateur de GPS et le constat est amer: incohérence, contradictions, naïveté, victimisation et surtout place de choix accordée aux contre-vérités pour une aventure politique pourtant si récente.
En 2011, Soro qui venait d’être reconduit Premier Ministre et Ministre de la défense par Ouattara juste après les cliquetis de la crise post-électorale, affirmait ceci à la télévision nationale : « A partir du moment où je n’avais pas d’accord ni avec le Président Ouattara ni avec l’ex-Président Gbagbo, il me paraissait logique de faire mes bagage pour quitter la Primature après la période de transition. »
9 ans après, le même GSK révèle depuis son exil européen : « Je dois vous dire que M. Ouattara et moi avons été très proches. M. Ouattara a pris des engagements vis-à-vis de moi. Le 1er engagement était que s’il gagnait l’élection (2010) il me nomme Premier Ministre pour un mandat c’est-à-dire 5 ans. »
Ahurissant mais surtout aveux révélateurs. En réalité il y avait un contrat non écrit entre l’arbitre Soro Guillaume et Alassane Ouattara, candidat au 2è tour du scrutin du 28 novembre 2010. Le jeu électoral était biaisé, les dés suffisamment pipés. Et ceci d’autant plus scandaleux puisque le Premier Ministre post Accords Politiques de Ouagadougou (APO) se disait neutre.
Figurez-vous que l’ancien de la Fesci soutenait avoir pris les armes contre le régime Gbagbo parce que celui-ci n’était pas démocratique. Peut-on parler de démocratie lorsque les institutions chargées d’organiser des élections passent des deals avec un candidat ?
Dommage ! Tandis que la tendance (divorce d’avec le RHDP) semblait profiter au ‘’courageux’’ député de Ferké.
En voulant discréditer son ancien mentor, Soro se fait harakiri. Pis le probable sprinteur de la course d’octobre 2020 devient encombrant pour ses alliés accidentels de l’opposition ivoirienne. Car cet aveux ne manquera pas d’interpeller le PDCI d’Henri Konan Bédié, le camp Gbagbo-Affi, le méticuleux Mamadou Koulibaly et ses militants de Lider, bref tout le bloc des adversaires du Rhdp.
HKB a dû se poser la question de savoir si l’effacement de ses 600 milles voix au 1er tour de la présidentielle de 2010 n’est-il pas tributaire des « engagements pris par M. Ouattara ». L’inquiétude est indubitablement d’autant plus grandissante au sein des cellules spécialisées en élections des partis politiques cités plus haut. Sûrement Charles Blé Goudé (COJEP) que Soro a rencontré récemment à la Haye doit recommencer à douter de son ‘’Bogota’’ des années de militantisme à la Fesci.
Plus grave, le peuple ivoirien et singulièrement les électeurs qui ont décidé de faire tabula rasa du passé et qui par dépit projetaient de donner leur voix à l’ex-Pan, pourraient se désister. Alors qu’au cas où la révision à venir de la constitution ou du moins les éventuelles manœuvres politiques venaient à disqualifier Bédié et Gbagbo, possiblement il ferait un bon cheval. Là encore il faut espérer que lui-même ne soit pas exclu.
Il convient de reconnaitre par ailleurs que le « courage de Soro » parle pour lui et pèse dans la balance électorale. Même l’aile dure des GOR réfutera difficilement cette assertion. Si elle se remémore entre autres l’amende honorable faite par l’ex-Sg du MPCI face aux dignitaires du régime Gbagbo lors des présentations des condoléances au domicile du défunt Aboudramane Sangaré.
Déjà deux (2) de gâchées, une 3è chance est-elle possible pour l’ex-patron des Forces Nouvelles ?
Il y a quelques années, l’APO et surtout sa nomination par Laurent Gbagbo au poste d’hyper Ministre repoussaient progressivement en arrière-plan le cliché de porteur de la rébellion non moins meurtrière. A partir de 2007, le marketing d’opinion engagé tacitement au travers de son nouveau statut, aidait à polir naturellement l’image du Guillaume Soro.
Mieux en 2010, Soro incarnait plutôt l’espoir. Les Ivoiriens avaient passé le rabot sur les appréhensions vis-à-vis de l’homme et s’accommodaient aisément à la nouvelle donne. Kigbafori est d’ailleurs désigné par tous acteurs de la crise comme 1er arbitre de touche au niveau local de la très passionnante élection présidentielle.
De sorte que ses prises de position choquaient moins certains observateurs. Eux qui estimaient qu’il était de l’ordre normal des choses que Soro face allégeance à ADO [Le candidat Alassane Ouattara est désigné vainqueur par la CIE et reconnue par la communauté internationale comme nouveau Président de la République de Côte d’Ivoire].
Cependant, les démêlées entre l’ancien Président de l’Assemblée Nationale (Pan) et l’actuel Chef d’Etat ivoirien vont finalement révéler que celui qui s’est « battu pour la démocratie, la justice et l’Etat de droit en Côte d’Ivoire (…) » n’est pas forcément attaché à ces valeurs.
L’autre paradoxe est que le leader de GPS était perçu jusque-là comme maitre du jeu en ce qui concerne la communication politique et singulièrement sur le segment des RS. Autrement dit si l’électorat ivoirien se résumait à la communauté virtuelle de RS, personne même pas « le tout puissant Ouattara », n’oserait se mesurer à Guillaume Soro. Malheureusement, il est en train de perdre la bataille sur ce terrain, pourtant présenté comme de ‘’prédilection’’. Du coup, le « fils de Bédié » doit revoir sa communication. A commencer par parler moins. Car chaque mot compte dans ce domaine-là.
Marius Aka Fils