D’un côté ces acteurs politiques affublés de tenues vestimentaires qui si retournées, laisseront entrevoir une grosse étiquette estampillée ‘’ 100 ans de prison pour Gbagbo’’. De l’autre, ceux qui réclament à la lumière du jour la libération de l’ancien Président. Tout en ayant en poche leur calculette bien réglée. Addition faite, le retour du détenu de Scheveningen est en réalité peu sinon pas souhaité en Côte d’Ivoire du moins avant 2020.
2020, ce stimulant à forts effets secondaires
2020 hante les esprits en Côte d’Ivoire. Les populations redoutent fortement le remake de 2010. Joutes électorales ayant débouché sur ses milliers de morts. Et l’on continue d’ailleurs d’enregistrer les pertes en vies humaines subséquentes à cette crise.
De leur côté, les animateurs de l’échiquier politique y voient un virage à 360°. Pour certains ce sera la relance, un tournant décisif pour leur carrière, mais aussi là où tous les privilèges du moment peuvent partir en fumée. Pour d’autres il s’agit plutôt de la fin d’une crise générationnelle et de l’entame d’une nouvelle ère. Le moment idéal pour gouter plus abondamment aux délices du pouvoir d’État. A l’idée qu’ils pourront surfer sur les failles du régime actuel dans la perspective d’une meilleure vente de leur produit et atteindre ainsi cet objectif final.
Gbagbo, ce ‘’cheval’’ tant prisé pour la (re)conquête du pouvoir
Apercevoir Jean-Louis Billon, l’une des sentinelles ‘’inconditionnelles’’ du temple Pdci-Rda à la Haye ne manque pas de susciter ébahissement. D’autant qu’il est aujourd’hui l’un des fidèles d’ Henri Konan Bédié (Hkb). Lui-même figure tutélaire de l’adversité à l’ ex-Lmp. On peut le dire au passage, ces faits ne font que confirmer une assertion bien célèbre en Côte d’Ivoire : « la politique c’est la saine appréciation des choses. » En fait Billon à la Haye doit être perçu comme Hkb chez Gbagbo.
Et avant lui il y eu le non négligeable Konan Kouadio Bertin dit Kkb, l’ancien député Pdci de Port-Bouet ,Charles Konan Banny, sans oublier les émissaires de Guillaume Soro, l’incarnation de la lutte armée contre celui qui a dirigé la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010. On a entendu aussi seulement samedi dernier, Pascal Affi N’Guessan -quand bien même revêtu de ses nouveaux habits de président du Fpi ‘’officiel’ ’marquer sa volonté de lutter pour l’affranchissement de l’un des plus célèbres prisonniers de notre époque. Tout porte à croire que « pour la réconciliation et par amour » les défenseurs de la cause Gbagbo sont nombreux. Dans le même temps, il convient de réaliser que ceux qui parlent ou qui agissent s’appellent Hommes politiques.
Si Gbagbo avait un, aujourd’hui il a deux voire plus
Le grand ballet de témoignages à charge dans le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, n’a jusque-là pas prouvé la culpabilité desdits accusés.
Conséquence : la classe politique pourra peut-être en faire fi, mais il n’en demeure pas moins que les populations du monde occidental par exemple se sont faites désormais une autre opinion des détenus. A l’heure actuelle, les différentes étiquettes du genre « Gbagbo criminel, xénophobe, va-t’en guerre, infréquentable… » se détachent progressivement de l’image de l’homme. Plus précisément de ce qui avait été servi à l’opinion internationale en 2011 aux heures chaudes qui ont suivi son arrestation.
En outre, quel que soit le bord , tout observateur objectif de la scène politique ivoirienne admettra que la prison a tout de même eu un impact positif sur la côte de popularité de Laurent Gbagbo voire son capital sympathie. Aussi bien en Côte d’Ivoire qu’ailleurs, ce procès à la Cour pénale internationale (Cpi) a eu cet effet domino. Il a plutôt renforcé la visibilité du personnage. Mieux, il lui a octroyé des dévots supplémentaires. Le ‘’Gbagbo Kafissa’’ (Ndlr: Gbagbo est mieux en langue malinké) n’est pas vide de sens.
Si Gbagbo est libéré
Depuis les geôles, Laurent Gbagbo a affiché sa volonté de briguer la magistrature suprême lors des joutes électorales de 2020. Une décision qui soulignons-le, pourrait jouer en sa défaveur quant au plaidoyer visant sa libération. M. Assoa Adou, lui-même incarcéré en Côte d’Ivoire, a été désigné par l’ex-numéro un ivoirien pour Diriger sa campagne. Les choses sont donc claires et d’ailleurs ses partisans se mobilisent déjà de toutes parts.
Alors s’il arrivait que celui qui réclame + 51 % des voix au second de la présidentielle de 2010 et à qui on attribue plutôt 45,90 %, s’affranchit des ‘’menottes’’, les données changeront profondément. Et ce n’est pas Affi N’Guessan qui sera le plus heureux. Lui qui verra certainement que l’offensive qu’il compte mener en vue de recruter le maximum de »frondeurs » sera sans suite.
Guillaume Soro se rendra malheureusement à l’évidence que tous les pro-Gbagbo qu’il courtise à longueur de journée retourneront subitement à leurs anciennes amours. Henri Konan Bédié ou du moins le candidat du Pdci réalisera finalement que le boulevard laissé par son absence (Gbagbo) et aussi par les faux pas de la gouvernance Ouattara, est désormais obstrué. Dans le même temps, Mamadou Koulibaly, Gnamien Konan, Hamed Bakayoko, KKB, Mabri Touakeuse et toute « la nouvelle génération » qui entend implémenter ‘’le Macronisme’’ en Côte d’Ivoire, devra patienter. Car il sera encore une fois question de bataille de poids lourds dans l’arène.
Cette fois la stratégie du 2 contre 1 peut ne pas fonctionner
Il est de plus en plus question de rapprochement Pdci-Fpi (les deux tendances). Si le Front populaire Ivoirien reste dans son état de fracture actuel, le couple Affi-Bédié est peut-être plus envisageable comparativement à un certain duo Gbagbo-Bédié. Pour la simple raison qu’Affi est logiquement disposé à jouer les seconds rôles quant à une éventuelle gouvernance coalisée.
Parce que si Gbagbo et Bédié arrivaient à se mettre ensemble pour battre un très probable Ouattara ( »candidat pour éviter un autre chaos à la Côte d’Ivoire »), qui des deux (Bédié ou Gbagbo) acceptera réellement de laisser le fauteuil présidentiel au profit de son allié ?
En vérité le schéma rêvé par le Sphinx de Daoukro c’est d’éviter autant que faire se peut la complexe équation avec pour inconnue Laurent Gbagbo ‘’renforcé’’ à Abidjan en 2020.
Au bout du compte, seule la branche Aboudramane Sangaré (Fpi)- et là encore c’est à prendre avec des pincettes car la politique a ses réalités a naturellement intérêt de voir le prédécesseur d’Alassane Ouattara revenir de la Hollande et prendre son ticket pour la course au Palais d’Abidjan-Plateau. Le reste n’est que pure marketing politique.
Marius Aka Fils