Côte d’Ivoire : ces quatre (4) grandes victoires politiques de la rue !
09 ans de quasi ‘’surdité’’. Puis curieusement en moins d’une semaine, les grandes oreilles d’Abidjan montrent leur disposition à l’écoute active. Qui aurait imaginé qu’ Alassane Ouattara s’empresserait de rencontrer un Henri Konan Bédié chef d’une plateforme « séditieuse » dénommée Conseil National de Transition (CTN) ? En Côte d’Ivoire, la rue peut déjà s’enorgueillir de ses quatre (4) précieuses victoires de parcours.
Le 31 octobre dernier une partie des Ivoiriens s’est rendue dans les urnes. Une autre partie s’en est abstenue. Une autre frange en a été empêchée. Quand une autre encore a préféré soit quitter carrément le pays soit s’éloigner des grandes agglomérations. A l’idée de fuir la « catastrophe » annoncée. A l’heure du bilan, la guerre des chiffres. Le discours officiel soutenu par certains observateurs parle d’élection faiblement perturbée en annonçant un taux de participation de 54 %.
1ère victoire de parcours de la rue, la communauté internationale plutôt « préoccupée ».
Tandis que la plateforme de l’opposition ivoirienne rejointe par d’autres yeux extérieurs estime que ce scrutin n’a touché pas plus de 10% des inscrits sur la liste électorale. Assertion partagée d’ailleurs par des médias non moins sérieux notamment le journal Le Figaro. En fait la contradiction qu’apportent les candidats retenus « mais pas concernés » Affi et Bédié, à la Commission Electorale Indépendante (Cei), a un fondement. La phase active de la désobéissance civile lancée par ces derniers à la veille de la campagne électorale, a fortement impacté ledit processus.
A commencer par la perturbation de la distribution des cartes d’électeurs. Aux migrations (rapprochements géographiques des électeurs des bureaux de vote) électorales. En passant par le déploiement du reste des outils électoraux par endroits. Difficile de vérifier, cependant il n’est pas évident que le Rhdp ait réussi à atteindre la mobilisation des électeurs escomptée. Même dans son bastion septentrional. Le schisme Soro aidant.
54 % ou 10%, le contentieux demeure entier. Nonobstant sa consécration par la Conseil Constitutionnel, Alassane Ouattara reste attendre un Tweet libérateur d’Emmanuel Macron; le félicitant. C’est quand même inédit que l’Ue se limite à « prendre acte » de la réélection d’un Chef d’État. Encore que le N°2 du Sénat français appelle à « sortir la Côte d’Ivoire du vide démocratique ». La rue est en passe d’avoir raison du projet de 3ème mandat d’Alassane Ouattara. Lui qui somme toute s’arcboute à une « victoire sans gloire ».
Du loup à l’agneau
Nous découvrons depuis peu, une face bien plus élégante de la gouvernance Ouattara. Le controversé dirigeant de la Côte d’Ivoire de l’après 31 octobre 2020, s’est paré de nouveaux habits d’ Houphouétiste, le vrai. Désormais grand preneur d’offre de dialogue. Concessions voire compromission, visiblement rien n’est à exclure. Pourvu que passe la pilule du 3ème mandat. C’est un secret de polichinelle, car tout ceci est loin d’être de gaité de cœur. C’est le même Ouattara qui narguait récemment l’opposition et tous ceux qui l’invitaient à baisser la garde. Précisément au lancement de sa campagne à Bouaké le 16 octobre dernier.
Certainement parce que jusque-là les prédicateurs du Palais lui avaient promis un Ras. C’est-à-dire contenir toute forme de contestation. En garantissant des élections sans heurts. Afin de prouver sa forte popularité et surtout la maitrise de la situation à l’opinion internationale en premier. Échec total.
Bien au contraire, à la limite, les dirigeants du monde se moquent de l’issue du scrutin. Il n’y a qu’à voir le traitement qu’infligent les voix médiatiques de la France officielle, à savoir France 24, Rfi et Tv5, au régime d’Abidjan. L’Onu, l’Ue, la France…sont plutôt focus sur l’impératif dialogue en Côte d’Ivoire. Ouattara étant sorti desdites élections très affaibli. Désormais contraint de subir le diktat de Bédié & Co. Revirement de situation à mettre également à l’actif de la rue. Autrement dit, la désobéissance civile est parvenue à encager les faucons du régime. La force de la rue leur a imposé le dialogue.
3ème trophée, les passeports…
Le principe du retour de Laurent Gbagbo serait acquis selon nos sources. Pour dire que les évènements s’enchainent. Certes Ouattara avait promis satisfaire à cette revendication. Mais l’ex- manager Afrique-Asie du FMI l’avait conditionnée par la réaction de Fatou Bensouda. Et dans un communiqué conjoint publié ce jour , le PDCI et le FPI s’inscrivent dorénavant dans le hors contingent. Ces partis demandent, en plus du retour de Gbagbo, celui de tous les exilés ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques. Y compris Affi , Guikahué et les autres victimes de la répression anti CNT. Bien que la rue aie tué, elle aura tout de même payé. Ainsi les enchères peuvent monter. On se souvient que depuis bientôt 10 ans, le Fpi brandit les mêmes exigences. Sans qu’il n’ait le moindre début de satisfaction.
4è la rue et tout devient possible…
Blocus autour des résidences, des leaders arrêtés, d’autres en fuite. Les plus frileux comme Marcel Amon Tanoh capitulent. L’opposition avait été complètement décapitée dans la fourchette du 06 au 10 novembre dernier en Côte d’Ivoire. Mais sans attendre un quelconque mot d’ordre, dans certaines localités, les populations se sont levées pour dire une fois de plus non au 3è mandat de Ouattara. Le régime a certainement compris que la colère n’est pas toujours instrumentalisée. Des Ivoiriens sont effectivement prêts à mourir. Aptes à affronter les mains nues, à la fois Forces de l’ordre et « Microbes ». La journée du 12 novembre en est l’illustration parfaite.
Ce qui met parfaitement à l’aise les leaders de la plateforme de l’opposition. Ainsi le chapelet des préalables s’égrène à souhait. On en profite pour tout réclamer. Ce n’est pas toujours qu’Ado se dispose au dialogue en effet. D’ailleurs la répression montre ses limites. L’épée de Damoclès Cour Pénale Internationale (CPI) étant parfaitement percepible dans les cieux Ivoire. Mêmes celles ( répressions) habillées »conflits communautaires » n’arrivent guère à faire plier Yamoussoukro, Bonoua, Divo… qui continuent de donner de la voix pour exiger le respect de la constitution.
Le ‘’joker’’ pourrait-il encore servir à grand-chose ?
Convaincu qu’il existe encore des adeptes de la politique stomacale au sein de l’opposition. Le boss du Rhdp sait que le joker du partage du pouvoir lui attirerait des dévots dans le camp d’en face. Sauf que la détermination d’en face-si celle-ci venait à tenir dans le temps- pourrait faire échec à ce dernier ‘’kata’’. Vivement que ce dialogue » franc et sincère » mais surtout élargi à tous s’accélère pour que les Ivoiriens retrouvent leur quiétude !
Marius Aka Fils