Rivalité en Côte d’Ivoire : quand Brassivoire et Solibra dépassent les bornes !

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Elles s’illustraient jusque-là à travers un corps-à-corps serré dans les médias. A Abidjan, voir un panneau publicitaire de Solibra est comme une signalétique pour l’autre : un visuel de Brassivoire n’est pas loin de là ; et vice-versa. Télé, radio, Internet, presse. Puis la rivalité s’est transposée dans l’arène culturelle. On se souvient encore des versions ‘’happy Paquinou Days’’2018 et autres Events aux couleurs concurrentielles. Et désormais, les deux brasseurs vont au-delà de ces bornes.

Le projet Krispi, cause de ‘’Krispation’’, puis de  »révolte »

Le 05 décembre 2017, Brassivoire, l’entreprise venue ‘’désacraliser’’ la brasserie en Côte d’Ivoire, lançait son projet Krispi (Korhogo rice sector performance improvement/ Amélioration de la performance de la filière riz Rechercher riz à Korhogo). Initiative à impact rapide et hautement  bénéfique pour les populations. Apparemment une ‘’provocation’’ mal digérée par Solibra. Et la réplique du pionnier ne s’est fait attendre.

Brassivoire, un pragmatisme inspirant ?

Il faut savoir qu’en se basant sur l’empilement des impressions recueillies dans le milieu, on dira que sur ce créneau, Brassivoire détenait jusque-là une bonne avance concurrentielle. A l’idée que ces deux entreprises opèrent dans un pays dont la santé économique est viscéralement liée aux performances agricoles. Ce, d’autant que la Rse (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) se définit comme l’ensemble des pratiques mises en place par une entreprise dans le but de respecter les principes de développement durable.

Car améliorer la productivité dans le secteur rizicole en Côte d’Ivoire c’est à la fois aider à nourrir les populations et leur garantir des revenus.

On parle de micro-projet à impact rapide parce que dans un élan d’efficacité le fabricant des bières Ivoire et Mutzig sans oublier Maltina (boisson non alcoolisée) et aussi seller in Chief de Heineken et Desperados, a sélectionné 3000 producteurs. Eux qui sont formés depuis aux bonnes pratiques agricoles respectueuses de l’environnement à l’effet d’atteindre une récolte de 12500 tonnes de riz/an destinées au marché de consommation et, 5000 tonnes de fines brisures/an réservées à l’approvisionnement local de Brassivoire.

Tout cela grâce à une enveloppe globale 310 millions Fcfa pour laquelle la société d’Alexander Koch a dû dégager 58% puisque l’initiative est cofinancée à 42% par la coopération allemande Giz. A noter que le  groupe Heineken ambitionne de faire en sorte que d’ici 2020, 60% des matières premières utilisées en Afrique proviennent du continent. L’engagement est réel , le challenge  capital. D’où l’admiration des observateurs.

Une véritable ‘’guerre froide’’ derrière les écrans, panneaux, journaux, internet et les postes radio

Le mano a mano entre les deux coriaces de l’industrie brassicole ivoirienne est très tendu. Alors que le champ de la communication commerciale ou alors du marketing est maculé de leurs empreintes respectives, Brassivoire et Solibra se disputent parfois, via une approche discrète, le terrain de la Rse.

 En mars derniers, les populations étaient tiraillées entre l’envie de toucher du doigt une Coupe du monde et l’international français Christian Karembeu avec et en face un autre célébrissime,  Alexander Del Piero ayant débarqué au bord de la lagune Ebrié la Coupe aux grandes oreilles entre les mains.

Et finalement Abidjan s’est avérée exiguë pour la bataille au point où ces deux rivaux se sont déportés sur la ville Bouaké au mois de mai dernier. Là-bas chacun voulait témoigner son attachement au bien-être social des populations ; tenaillées par une sévère pénurie d’eau.

Ainsi le 24 mai 2018, Solibra y offrait 3000 packs d’eau minérale en guise de soulagement. Et le 30 mai, juste une semaine après, ce fut le tour de Brassivoire d’aider à dessécher les gorges à travers un don de 1000 packs d’eau minérale également. Et la petite histoire nous révèle que l’idée d’intervenir à Bouaké était à l’origine celle de Brassivoire et que le temps de se préparer pour la mission, l’entreprise s’est vue devancer par son adversaire. Fondée ou pas ? En tout état de cause, l’autre appellation de la concurrence c’est la veille stratégique, donc pas étonnant.

Pendant ce temps, la bataille des capsules retentit fortement avec d’un côté le Jeu promo ‘’Ivoire Soutra’’ (Brassivoire) et  de l’autre  ‘’Capsules Bock’’ (Solibra). Là encore les  »Brassivoiriens » ont devancé les  »disciples » de Pierre Castel. Puisque c’est des jours après le lancement d' »Ivoire Soutra » que l’on a perçu  »Joue et gagne avec moi » , l’appel de Didier Drogba, la star vêtue de ses habits d’Ambassadeur de la marque Bock. Et s’il ne fallait considérer que les voitures flambant neuves arrachées par les heureux gagnants de parts et d’autres, on dira que des centaines de millions ont été déboursés à ce niveau-là.

Puis il y a eu les interventions subséquentes aux pluies diluviennes surtout meurtrières des tristement célèbres 18 et 19 juin derniers à Abidjan.  Solibra venait au secours des sinistrés de Cocody quand Brassivoire, elle s’est orientée vers Attécoubé pour, tout comme l’autre, faire parler son cœur en distribuant des vivres et non vivres auxdites populations respectives.

Avant tout ça, l’on a eu droit aux ‘’combats de la Passion du Christ’’ ; les ‘’Happy Paquinou Days’’ version Brassivoire et Solibra. En somme on ne lâche rien dans ce duel sans merci. Du coup, il était d’une évidence parfaite que la riposte  au ‘’Krispi’’ de Brassivoire n’était qu’une question de jours.

‘’ La filière du riz maitrisée’’ par le rival, séduire la mère Agriculture, la stratégie Solibra

Le Prix Pierre Castel de l’Agripreneur africain. La réponse de Solibra est toute trouvée.  En filigrane soutenir et accompagner financièrement les projets et actions agricoles et surtout de développement du territoire. La société propriétaire de 10 marques de bière lance d’ailleurs un appel aux porteurs de projet susceptible de générer de l’emploi, renforcer les capacités des parties prenantes et en prime garantir l’épanouissement des jeunes dans leur environnement et cadre de vie.

Solibra se dit prête à soit octroyer des bourses aux étudiants naviguant dans l’agronomie, soit financer carrément des projets ou actions agricoles ou alors se porter garante auprès des banques pour des levées  de fonds . En plus d’attribuer tout simplement le Prix Pierre Castel, challenge lui-même soutenu par le Fond de Dotation Bordeaux-Afrique qui n’est autre qu’un Programme de parrainage des jeunes entrepreneurs africains crée en septembre 2017.

En gros, une technique d’approche Rse typique de celle du concurrent à échelle différente. Brassivoire quadrille le secteur rizicole et Solibra le contourne en clôturant de par son nouveau projet, l’Agriculture ivoirienne (grand A), dans son ensemble dira-t-on.

La concurrence source de bénédiction des populations ?

Au final, en retraçant ne serait-ce le premier semestre 2018, les actions menées par des entreprises- pour la plupart poussées de force par le jeu concurrentiel- en termes de Rse, nous pouvons dire que la concurrence constitue une véritable bouffée d’oxygène pour les consommateurs, les populations.

Par conséquent, la libéralisation tous azimuts  des secteurs d’activités s’impose . Parce que sauf erreur, Ivosep, la Sotra, la Rti, la Lonaci et bien d’autres organisations pleines aux as du point de vue financier, sont quasiment absentes sur le terrain de la Rse.Tandis que le groupe Cie-Sodeci bien que ‘’tranquille’’, multiplie les actions sociales chaque année.

Marius Aka Fils

 

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